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KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

Report by SEB 747

Il n’y a pas loin de deux ans de ça, je me trouvais au même endroit que ce soir, pour assister au show apocalyptique de KILLING JOKE. Aussi, lorsque j’ai appris qu’ils fêtaient leur quarantième anniversaire, je me suis dit qu’il fallait que j’y retourne ! D’autant plus que c’est TURBOWOLF qui les accompagne et que j’adore leur dernier album.

Je pousse mon pote de concerts Steve*74 à venir avec moi, même s’il n’est absolument pas fan de ce genre de musique. Je le convaincs en lui disant qu’il faut au moins voir KILLING JOKE une fois dans sa vie, surtout qu’ils ne sont plus très jeunes (58 ans pour JAZ COLEMAN et MARTIN “YOUTH” GLOVER, 60 ans pour KEVIN “GEORDIE” WALKER et PAUL FERGUSON). Je le charrie un peu en lui disant qu’ils sont de la même génération que lui, mdr !

Arrivés un peu en avance, nous faisons un petit tour dans le magasin de disques attenant à l’Usine. Nous apercevons un musicien qui joue de l’acoustique dans un coin. Comme ce n’est pas pour ça que nous sommes venus ce soir, nous apprécions de loin… D’autant plus qu’il a déjà fini ! C’était tout de même sympa.

Bon, ce n’est pas tout mais il va falloir rentrer maintenant. La queue, quasi inexistante tout à l’heure, a pris de l’ampleur. Je pense que ça va être bien rempli ce soir. Euh, il y a maintenant deux queues qui se sont formées et celle qui rentre en premier ce n’est évidement pas la nôtre. La loose… Si ça continue, nous allons rater la première partie.
C’est enfin à notre tour. Le temps de trouver nos noms sur la liste et nous voilà dans le ventre de l’Usine. C’est cool, le premier groupe n’a pas encore commencé. Nous avons le temps de dire bonjour aux copains. Nous sommes bien en avance et cela nous laisse le temps de nous installer tranquillement devant la scène.

TURBOWOLF @ l’Usine – Genève (ch)

Je constate vite que les fans de KILLING JOKE sont bien présents et, dans la foulée, je  remarque même quelques T-Shirts de métalleux. Hourra, nous ne sommes pas seuls !

Les lumières se font sombres et c’est un groupe de Bristol, TURBOWOLF qui se présente à nous. Dès le début du set commencé par “Cheap Magic”, tiré du dernier album “The Free Life”, le stoner des anglais nous attrape par le col.

« Hello, Geneva ! », nous interpelle le fantastique claviériste chanteur CHRIS GEORGIADIS « We are TURBOWOLF from Bristol, UK ».

Tandis que résonnent les riffs du second titre joué tambour battant par ANDY GHOSH derrière sa guitare, BLAKE DAVIES le batteur fait vibrer l’Usine sous des coups de butoirs. La formation de Bristol ne lâche rien. Elle joue son stoner psychédélique d’une telle manière qu’il vous rentre dans le crâne pour ne plus vous lâcher.  

CHRIS, vague sosie de FRANCK ZAPPA, harangue le public et se pose en véritable leader du groupe. Ne laissant que quelques rares moments de répit à l’auditeur pour reprendre son souffle.

La machine à fog qui fonctionne à fond, renforce l’atmosphère psychédélique dans laquelle le groupe nous emmène. Pour les photos en revanche, ce n’est pas franchement génial mais nous avons l’habitude de faire avec.

Le chanteur est en interaction avec son public. Il semble s’amuser sur scène tandis que ses compères semblent plus sérieux. Il arpente le peu de scène dont il dispose comme s’il disposait de toute sa largeur. Affalé sur son clavier, il en fait des tonnes et souvent joue avec le public. Il saute dans tous les sens, c’est un fou furieux !

Ses compères ne sont pas en reste non plus. La frappe de mule avec laquelle BLAKE nous assomme permet à ANDY d’aller se frotter sur les amplis pour faire résonner les riffs de sa guitare. Lui aussi, finalement pas si calme que ça, bouge dans tous les sens et headbangue comme un damné.

Quelle première partie ! Nous en prenons plein les oreilles. Le groupe est bourré de bonnes énergies et particulièrement créatif. Nous sommes aux anges.

TURBOWOLF @ l’Usine – Genève (ch)

CHRIS relance le public en criant dans son micro : « Who are we ? » demande-t-il. « TURBOWOLF ! » répond le public. « I don’t understand ! Who are we ? ». « TURBOWOOOOOOLLLLLFFFFF !!!! », hurle encore plus fort les spectateurs. Cette litanie, il nous la fera répéter tout le long du concert, histoire que nous n’oublions pas qui ils sont. C’est certain qu’après tout ça, il faudrait faire fort pour oublier leur nom.

Après un “Rabbit Foot” qui remue une Usine – sous le charme des bristoliens – il est l’heure de clore ce show. “The Big Cut” est joué tambour battant. CHRIS s’absente 30 secondes et revient à quatre pattes de derrière la batterie, un keffieh sur la tête pour finir de chanter le morceau. On croirait voir un fantôme. Ce type est complètement barré ! Et c’est donc sur ce morceau que se termine la prestation des TURBOWOLF.

KILLING JOKE va devoir faire fort pour passer après les soixante-quinze minutes de show de ces anglais déjantés !

KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

C’est enfin au tour de la KILLING JOKE d’entrer dans la fosse aux lions. Il y a deux ans, la foule avait su rester sage et je ne m’étais quasiment pas fait bousculer dans les premiers rangs. Aussi, c’est avec une conscience aveugle que je me tiens devant la scène. Un gentil roadie (déjà repéré en 2016) nous explique qu’il ne faut pas toucher aux deux néons qu’il vient de brancher au bord de la scène. Ceux-ci reflètent une couleur jaune orangée qui révélera les grimaces d’un JAZ COLEMAN aux taquets. Et il ne mentait pas quand il nous disait qu’ils étaient très chauds ! Je sue déjà comme un bœuf et le groupe n’a pas encore commencé ! Il faut dire que dans le public, nous sommes serrés comme des sardines.

Les balances finies, voici REZA UHDIN, le claviériste que je n’avais pas reconnu la dernière fois qui s’installe le premier, suivi de PAUL et de YOUTH. Le roadie, qui se tient sur le côté droit de la scène (gauche quand nous lui faisons face) garde dans ses mains la guitare de GEORDIE en attendant son arrivée. Celui-ci la récupère et arpente la scène pour entamer les premières notes de “SO36”, tiré de leur premier album daté de 1980.

KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

JAZ, lui, débarque enfermé dans son grand manteau noir (qu’il ne quittera pas du concert) et dès qu’il prend le micro, nous savons que la soirée va être au top. Le chanteur géant est toujours aussi en voix et c’est frappant à son âge.

Le son est puissant et précis à la fois. Les infrasons de la basse de YOUTH sont impressionnants de régularité et les frappes de PAUL se confirment dans une précision chirurgicale.

Le groupe est aux petits soins avec son public et le caresse dans le sens du poil en interprétant coup sur coup les titres les plus mémorables de son répertoire. Que ce soit avec des titres datant de la période récente du répertoire “European Super State” (2010), “Autonomous Zone” et “New Cold War” (2015) ou encore – datant des années 80 – le bien nommé “Eighties” (1985), “Butcher” (1982).

Habillé à la one again, YOUTH ne paie pas de mine mais il sait indéniablement mettre les petits plats dans les grands pour séduire son public, bien soutenu par GEORDIE et ses riffs cinglants. En tout cas, le flegme typiquement britannique ne le quittera pas de tout le long du concert.

JAZ COLEMAN, comme à son habitude, semble carrément hanté par ses morceaux. Ses yeux se révulsent régulièrement, sa bouche se crispe. Il a une sensibilité d’écorché vif. Sa façon d’interpréter ses morceaux, de jouer la comédie (ou pas) m’impressionne. D’ailleurs, je pense qu’il devrait demander à ALICE COOPER de lui prêter sa camisole de force. Lol !

KILLING JOKE privilégie son premier album éponyme avec pas moins de quatre autres titres interprétés ce soir : “Requiem”, “Bloodsport”, “The Wait” et “Wardance”.

KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

Écrasé comme je le suis par une foule en délire, je me dis que je ne vais pas faire long feu et j’envie mon ami Steve*74 parti dans la mezzanine faire les photos. Mais, faisant fi de ma santé, je tiens le coup afin de continuer à œuvrer pour le webzine et ainsi vous transmettre un report qui tient la route. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour notre rédac chef adoré. Lol !

C’est sur “Pssyche”, tiré de l’album “Ha” (1982) que nous quittent les KILLING JOKE.

Après avoir jeté un coup d’œil sur la set list se trouvant devant moi, je me dis que c’est la fin et que je vais pouvoir respirer un peu. Mais, bizarrement, les lumières ne se rallument pas. Les sifflements du public, remonté comme jamais, leurs hurlements « KILLING JOKE ! KILLING JOKE ! » font revenir le groupe sur scène. J’ai comme l’impression que je vais encore passer un sale quart d’heure, moi. Mdr !

KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

Le groupe revient donc sur scène pour un rappel. JAZ COLEMAN, après avoir rendu hommage à PAUL RAVEN, entame le tube “Love Like Blood”. Je suis aux anges, ils jouent mon morceau préféré !! … Même si je suis toujours autant écrasé contre le devant de la scène. Trois autres titres, non présents sur la set-list “Wardance” et “Pandemonium” entre autres se succèdent, toujours joués avec autant d’énergie.

Le set de KILLING JOKE a été intense et très chaud. Moi, j’ai beaucoup aimé la prestation des deux formations anglaises de ce soir, et j’en suis sorti vivant ! C’est un exploit !

En sortant de la salle, nous croisons CHRIS de TURBOWOLF qui distribue aux spectateurs dehors des autocollants au nom de son groupe. En plus du chant, il assure aussi la promo. C’est un vrai couteau suisse, cet homme !!

KILLING JOKE @ l’Usine – Genève (ch)

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KILLING JOKE

Report by SEB 747

Ce soir, c’est en direction de l’Usine de Genève que je décide de me rendre. Cela fait un petit bout de temps que j’entends parler de cette date et que je me fais misère pour m’y rendre. Et ce, d’autant plus que le style musical de KILLING JOKE, qu’on ne présente plus qu’aux moins de vingt ans (voir de trente) n’est pas forcément du goût de notre rédac’ chef, ni de mon pote Steve 74*.

Qu’à cela ne tienne, ayant survécu au concert des FU MANCHU dans cette même salle, ça ne me fait pas peur ! Et puis, ce groupe britannique formé en 1979, étant reconnu comme l’une des formations les plus importantes de la période post-punk/new wave/goth de la fin 70’s et du début 80’s, je me dis que c’est un concert à faire.

Quand on sait qu’en plus que KILLING JOKE a fortement influencé des groupes comme NIRVANA, METALLICA, MINISTRY… et que ces même groupes ont tous mentionné, un jour, être redevables à ce groupe mythique, je ne peux qu’adhérer à une alliance aussi influente et importante pour le métal et le rock !

Dans leurs bagages, ils ont emmené deux groupes qui me sont totalement inconnus : SOBAKI TABAKA et DEATH VALLEY HIGH.

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SOBAKI TABAKA

SOBAKI TABAKA, un groupe russe, commence le premier et je me pose tout de suite une question : dans quel monde suis-je tombé ? Déjà une atmosphère très sombre au niveau des lights, basée essentiellement sur du rouge. Pour les photos, ça va être coton ! Ensuite, les musiciens ne sont quasiment pas éclairés. Et enfin, il y a la fumée qui est de retour. C’est pourtant pas Halloween ?

Le show commence. Le chanteur possède deux micros, « c’est au cas où l’un ne fonctionnerait pas ?» me demande hilare un copain. Euh, non, à priori c’est pour chanter dans les deux.

On est dans un registre très métal industriel et l’atmosphère est plus que lourde, renforcée par ces jeux de lumières parfois stroboscopiques. Les musiciens sont habités par leur musique sur fond psychédélique et je dois dire que cela me fascine… même si je n’adhère pas.

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SOBAKI TABAKA

Quel chanteur complètement ivre de la musique qu’il interprète ! Et quand il pousse des hurlements, on s’inquiète de son état mental, mais ça fait corps avec la musique du groupe. Il est à fond dedans et cela se ressent. Il utilise même un mégaphone pour interpréter certains titres et il me donne l’impression d’être tout droit sorti d’un hôpital psychiatrique tellement il est hanté par ses chansons. Je reste sans voix devant un tel show d’une telle lourdeur oppressante.

Le guitariste est agressif sur son engin, et le bassiste donne le ton aux morceaux. A mon avis, il est accordé très bas et cela rajoute de la pesanteur à l’atmosphère des titres.

Cependant, plus le set avance, plus leur musique devient angoissante et je commence à trouver cela un peu trop difficile à apprécier pour moi. Je préfère m’éclipser, laissant la place aux spectateurs tous autant fascinés par cette interprétation complètement barrée et maîtrisée. Même si ce n’est pas spécialement mon genre, la prestation toute en force a séduit une partie du public.

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DEATH VALLEY HIGH

Après une heure de show intense, non pas au niveau physique mais plutôt psychologique, c’est au groupe suivant DEATH VALLEY HIGH de faire son apparition.

Encore un groupe inconnu pour moi. Les DVH joue dans un registre plus ou moins gothique industriel, et ils appellent ça de la doom pop.
Pionniers de ce genre musical, ils sont là pour botter des arrière-trains et faire remuer un public encore tout abasourdi par la prestation des russes. Ils ont déjà 3 albums et viennent promouvoir leur dernier album “CVLT [AS FVK]” qui vient tout juste de sortir.

Tiens, il me semble que le public féminin est plus nombreux devant la scène. C’est bizarre ça. Ah OK, je comprends dès que le groupe monte sur scène ! Déjà, ils viennent de San Francisco et en plus d’être mignons, ils sont jeunes. Ça explique beaucoup de choses…

Le groupe sur scène ça déménage ! Ils sont bourrés d’énergie mais c’est beaucoup plus mélodique et moins psyché que les russes d’avant. On a un petit blondinet de guitariste qui nous sort des solos d’on ne sait où, un chanteur parfois guitariste qui, coiffé à l’iroquoise, hurle son désespoir dans son micro comme si ça vie en dépendait, un bassiste qui a un son brut de décoffrage et un batteur fou qui donne l’impression de posséder une multitude de bras, tellement il joue vite avec ses toms et ses cymbales ! Voilà en quoi pourrait se résumer DEATH VALLEY HIGH.

Mais c’est raccourcir un show qui a su en scotcher plus d’un. En effet, les titres qui s’enchaînent les uns derrière les autres sont empreints d’une litanie qui dépote. Très goth dans l’ensemble, il y a des airs de NINE INCH NAIL et de MARYLIN MANSON dedans. Le groupe nous propulse directement dans une atmosphère pressante, torride même, où une voix déchirée nous balance toute sa douleur et sa peine.

Ika OSBURN, le chanteur guitariste à un chant ultra-pop aux refrains légèrement hurlés. C’est impressionnant de volonté et de puissance ! On se surprend à fredonner les chansons quand le côté mélodique reprend le dessus.

La musique du groupe passe à la vitesse grand V – et pourtant nous sommes en Suisse ! Et c’est sur le titre “Death Valley High” scandé par un public aux taquets poussé par les encouragements de Ika que ce termine ce set. Quelle prestation ! Les murs de l’Usine en frémissent encore.

Les lumières se rallument après un show fort intéressant de maîtrise et d’énergie. Les DVH ont su mettre le feu sans oublier de nous caresser dans le sens du poil avec leurs rythmiques entraînantes et leur sens de la mélodie. Une très bonne surprise pour moi qui m’attendait plutôt à un truc beaucoup plus bourrin. Un groupe à suivre si le côté « core » ne vous fait pas peur.

Il est déjà 23h30 passé lorsque le groupe quitte la scène, et les KILLING JOKE ne sont pas encore là. On n’est pas près de retrouver nos pénates, nous !!

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KILLING JOKE

Minuit, l’heure de la farce qui tue (KILLING JOKE) ! Enfin, le groupe tant attendu arpente la scène. La foule s’est massivement planté devant et moi, ben je me suis mis derrière. Je me souviens de l’ambiance lors du concert des FU MANCHU au même endroit et je n’ai pas trop envie d’aller me frotter aux futurs pogoteurs et autres slameurs. Mdr.

C’est le clavier et le plus jeune du groupe, qui d’ailleurs ne ressemble pas vraiment à Reza UHDIN – qui officie dans le groupe depuis 2005 – qui arpente la scène le premier. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas su trouver qui il était. En tout cas, il est suivi de près par Martin « Youth » GLOVER et son pancho improbable, le bassiste d’origine revenu dans les rangs depuis 2008 après la mort tragique de Paul RAVEN (l’ancien bassiste, vous l’aurez compris !). Kevin « Geordie » WALKER, le guitariste présent depuis le début, récupère sa guitare des mains de son roadie et entame les premières notes de “The Hum”, une musique post-punk indus qui nous fait entrer dans un univers complètement barré, voire tribal.

Jaz COLEMAN, chanteur et leader historique du groupe, monte sur scène et l’on découvre le géant néo-zélandais (il s’est retiré en quasi-autarcie au fin fond du pays et y a obtenu sa nationalisation) en petite forme. « Je suis très, très, malade », nous annonce-t-il en français après avoir interprété le premier morceau. Vêtu d’un manteau noir très sombre qu’il ne quittera pas de tout le concert, il entame “Love Like Blood”. Et nous démontre qu’à 56 ans, même malade, il a encore la pêche ! Je me demande même ce que ce que ça aurait donné s’il n’avait pas été fatigué ! Il est, lui aussi habité par ses morceaux. Son interprétation fait peur. Il est inclassable, fascinant de sang-froid, il ensorcelle le public avec un savoir-faire hors-normes.

Les visions de cauchemar de KILLING JOKE passent à une vitesse impressionnante. Je ne reconnais pas tous les titres étant donné que je ne suis pas un die hard du groupe, mais ceux-ci sont interprétés avec un flegme typiquement britannique.

La guitare de Geordie tranche les morceaux comme un couteau dans du rosbif (anglais de préférence), la basse de Youth est énorme avec ses ronflements qu’on dirait tout droit sortis des déjections de la terre et la batterie tribale martelée avec conviction de Paul conjure une atmosphère très doom aux morceaux.

Pour des anciens (ils ont tous passé la cinquantaine), ils tiennent encore une forme impressionnante. Les tournées incessantes ces 35 dernières années ont marqué leurs visages mais pas leur musique. Ils ont toujours autant de puissance ! Non pas dans le son (ce ne sont pas des thrasheurs ou des death/black métalleux) mais plutôt dans l’interprétation, toujours aussi sombre et ténébreuse.

« Je considère KILLING JOKE comme un microcosme de l’humanité » a dit un jour Jaz. Je comprends donc mieux pourquoi il lève souvent les yeux au ciel. Peut-être cherche-t-il la solution au monde d’aujourd’hui ? Geordie, lui, a sans cesse les yeux rivés sur son chanteur, comme s’il s’inquiétait de son état de santé. En tout cas, Jaz a beau être malade, on ne le ressent aucunement… à part peut-être dans le timbre de voix, mais c’est à peine perceptible. Youth quant à lui, reste fidèle à lui-même, imperturbable, faisant résonner les infrabasses de son instrument sous les frappes de mule de son ami Paul.

« Peu importe d’où vous venez, peu importe qui vous êtes, vous êtes dans le meilleur endroit du monde » hurle dans son micro notre néo-zélandais.

C’est “European Super State”, titre de “Absolute Dissent” qui nous est révélé. Ah, enfin un titre que je reconnais ! Cool (lol). Faut dire aussi qu’on attaque dans le côté un peu plus métallique du groupe.

Le public est aux taquets, mais, à ma grande surprise, ne pogote pas beaucoup. L’heure tardive (qui n’arrange rien) et la pesanteur des morceaux assomment probablement une bonne partie des nombreux fans présents dans la salle.

Déjà une dizaine de titres d’interprétés et on n’est pas au bout de nos surprises. « Ce titre est dédié à tous les Hackers du monde » annonce Jaz dans son micro. Et c’est “I am the Virus”, tiré du dernier album “Pylon” qui sort des enceintes de l’Usine. Le public est surexcité par ce titre et voilà que ça headbangue de partout ! Mais toujours pas de pogos, la foule est trop compacte ! Mais c’est que ça me manquerait un peu… Nan, je rigole !

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KILLING JOKE

Connu pour sa forte opposition à la politique internationale des États-Unis, Jaz nous prononce ce discours : « Do you know USA ? », « Donald TRUMP ? », les sifflements et les huées sont de mise dans la salle. « Oh ok ! So FUCK AMERICA !!! », hurle-t-il plus du tout fatigué semble-t-il, en nous montrant le majeur de sa main bien tendu.

“Complications” suivi par “Unspeakable” sont joués l’un après l’autre. La foule est en transe, elle remue et secoue la tête dans tous les sens. Il y a le feu à l’Usine, c’est de la folie !

Deux autres titres sont interprétés, toujours avec autant d’intensité sous une mixture sonore écrasante, avant que les britanniques ne quittent la scène. Mais, sous la demande incessante de l’assistance, ils reviennent aussitôt pour un final apocalyptique ! Un véritable mur du son s’abat sur l’Usine. Les genevois sont remués dans tous les sens par ses interprétations uniques en leur genre qui amènent une étrange sensation de damnation primaire, bourrée de monotonie.

En 1982, Jaz était persuadé que la fin du monde allait arriver (il a même disparu pendant un temps). Pour moi, c’est ce soir qu’elle arrive, tellement les frappes de Paul résonnent dans la salle. Youth avec son typique flegme anglais fait résonner sa basse sous les grands coups de riffs assassins de Geordie et les litanies de Jaz. C’est mortel tellement c’est lourd ! On se croirait enfermés dans un endroit d’où l’on ne pourrait pas sortir. Je me surprends même à tenir les murs pour éviter qu’ils tombent tellement les résonances des instruments s’infiltrent dedans. C’est que l’Usine pourrait s’écrouler ! Lol.

Jaz est un frontman habité, sa façon de chanter avec une voix grave qui s’imprègne au fin fond de notre corps lui donne une grandeur supplémentaire.

“The Death and Resurrection Show”, suivi de “Pandemonium” finissent d’achever un public conquis. Quelle prestation des Britanniques après plus d’une heure vingt de show !! Quel concert, mes aïeux ! On en redemande !

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KILLING JOKE

Je suis vraiment content d’avoir vu Jaz COLEMAN et ses sbires au moins une fois dans ma vie ! Maintenant, je peux mourir tranquille. Houla ! voilà que je me mets à déprimer, moi. La musique des anglais m’a bien remué. Vite direction le merch’ où même des peintures de Jaz sont en vente. Bon, évidement, vu le coût élevé et mon budget rétréci, je fais vite le compte. Bah, je vais continuer à m’enfoncer dans ma morosité, c’est pas grave…

Bilan de ce soir

SOBAKI TABAKA, c’est pas trop ma came, mais c’est bien fait, et quel chanteur !

DEATH VALLEY HIGH, très bonne surprise pour un côté « core » qui pour une fois ne m’a pas fait fuir à l’autre bout de la salle.

KILLING JOKE ont toujours été et continuent d’être plus qu’un simple groupe, c’est une institution pour le métal en général.