Mardi 06 juin 2023 à Seyssinet Pariset (38)
Report by SEB 747 – Photos : SEB 747 et NATH
Ce soir, je suis de nouveau sur les routes en direction de Seyssinet Pariset pour aller voir un autre groupe légendaire que je n’ai pas revu depuis 2007. La dernière fois, c’était au Festival des Rockailles à Reignier. Pas une éternité, mais un bon bout de temps quand même. C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte que les années passent plus vite que ce que l’on pense. Lol. Mais que vais-je voir, vous demandez-vous ? Eh bien un vieux groupe de Los Angelès, j’ai nommé : FISHBONE !
Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont, plus ou moins, les inventeurs de la fusion. Musicalement, c’est un mélange de reggae – j’en vois déjà qui partent – de funk et de rap – oulala, restez, restez, c’est pas fini. Lol – mais aussi de punk et d’un peu de métal. Ah, vous êtes revenus ? C’est sympa, merci. Dans les années 80, un temps que, comme dirait le grand Charles (AZNAVOUR, pas DE GAULLE), les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, ça faisait fureur. Depuis leur début en 1979, ils ont influencé plein de groupes. Cependant, si l’on devait en garder qu’un, ce serait les RED HOT CHILI PEPPERS. Imaginez ce que cela peut donner en live !
Mon co-voitureur habituel n’étant pas fan, je lui trouve une remplaçante hautement qualifiée, mdr ! La route, je commence à la connaître comme il faut, mais je ne peux pas encore la faire les yeux fermés (et puis de toute façon, ma femme ne me laisserait jamais faire). Et c’est sous un soleil radieux que nous partons en direction de la banlieue grenobloise.
Arrivés devant la salle, je reconnais quelques copains, venus notamment de Voiron, pas très loin. Nous en profitons pour taper la causette en attendant l’ouverture des portes qui ne devrait pas tarder. Cependant, suite à un problème électrique venu compliquer la préparation des groupes, nous devons patienter encore quelques temps. C’est donc avec une bonne demi-heure de retard sur l’horaire prévu que nous rentrons enfin dans L’Ilyade. Mais on ne va pas se plaindre, étant donné qu’il fait super beau aujourd’hui.
Avant d’attaquer dans le dur, il y a une première partie qui, je le reconnais, m’a encore plus motivé et décidé à aller à ce concert. C’est un groupe tout droit venu de Madagascar et qui, lui aussi, fait dans la fusion. Je les ai découverts sur un site de streaming et j’adore leur style. N’ayant malheureusement pas encore eu l’occasion d’aller les voir (et pourtant, ils sont passés pas loin de chez moi, et même la veille au Brin de Zinc de Barberaz), j’ai hâte de voir ce que ça va donner en live. LOHARANO, puisque c’est de lui qu’il s’agit, c’est la rencontre du rock et des rythmiques ternaires ancestraux malagasy mélangés et je dirais même malaxés avec les gros sons de notre musique préférée.
C’est dans le noir complet que démarre le premier morceau. Puis des lumières blanches qui font un joli effet, apparaissent. Euh, ils ne vont pas jouer comme ça tout le long, j’espère ! Parce que pour les photos, ça va être compliqué ! Heureusement, dès le deuxième morceau, les lumières reviennent même si, et on peut le regretter, elles ne sont pas vraiment au top. Qu’à cela ne tienne, le groupe n’en a que faire et joue à un rythme effréné et ça headbangue de partout sur scène.
MICHAEL RAVELOSON, le bassiste, torse nu, est déjà à fond et MAHALIA RAVOAJANAHARY, la guitariste vocaliste et leader du groupe (à la voix superbe), n’est pas en reste. Son flow flamboyant dans la belle langue de l’Ile Rouge nous envoûte. J’en suis, comme beaucoup de spectateurs ce soir, complètement baba. Les frappes ultra groovies de NATIANA RANDRIANASOLOSON sont impeccables et donnent du rythme à la musique du groupe.
Même si, à part peut-être quelques spectateurs, on ne comprend rien, les rythmiques agressives et mélodiques de LOHARANO font un malheur dans le public. Nous passons tous un agréable moment. MAHALIA, qui assume son féminisme dans un pays où être une femme rockeuse est (presque) hérétique, parle très bien le Français, quasiment sans accents et explique régulièrement ses morceaux. Notamment avec l’excellent titre qu’est « Mangina » (tais-toi en Français), un morceau qui incite à ne plus se taire, contrairement à ce que l’on pourrait penser.
MICHAEL, sous son épaisse chevelure, nous sort des sons incroyables et n’arrête pas de headbanger, tout comme MAHALIA lorsqu’elle ne chante pas.
Le groupe semble exprimer tout ce qu’il a au fond de lui, comme si c’était le seul vrai moment où il se sent bien libre. Le show de nos nouveaux copains malgaches, dégage quelque chose de puissant et d’hypnotique, c’est vraiment une expérience à vivre.
Après un « Sidina » de toute beauté, le groupe remercie chaleureusement le public nombreux de Seyssinet.
Quelle bonne claque nous avons pris ce soir ! A voir les sourires sur les visages, j’ai bien l’impression que LOHARANO a encore séduit un nouveau public.
Petites discussions à bâtons rompus sur la prestation remarquée des musiciens de l’Ile Rouge et le temps passe. Mais nous ne trépassons pas, motivés que nous sommes à nous prendre une autre claque musicale. On doit être masos. Lol !
21h54, les cris commencent à se faire entendre dans la salle après que les lumières se soient abaissées. Deux minutes plus tard, l’Arête de Poissons (FISHBONE) monte sur scène. Le groupe est composé aujourd’hui du vocaliste saxophoniste de toujours, ANGELO MOORE, du fashionista bassiste JOHN NORWOOD FISHER, de DIRTY WALTER KIBBY II à la trompette, de CHRISTOPHER DOWD le claviériste et tromboniste fou, de MARK PHILLIPS le guitariste récent et, pour finir, de JOHN STEWARD, planqué derrière ses fûts. Ce dernier remplace PHILIP “FISH” FISHER, le batteur originel du groupe, depuis deux ans déjà et en avait fait l’intérimaire de 1999 jusqu’en 2016.
C’est avec « I Like to Hide Behind My Glasses » que les américains venus de la Cité des Anges nous cueillent, lunettes noires sur les yeux, cachés, comme ils le chantent, derrière celles-ci. ANGELO, costume rose seyant, borsalino blanc sur la tête continue avec « I Wish I Had a Date ». Les morceaux sont excellents, mais je me pose des questions, étant donné qu’ils sont légèrement « mou du genou ». L’interprétation n’est absolument pas en cause, le professionnalisme des musiciens est plus que palpable, mais il me manque un petit quelque chose qui pourrait tout faire basculer.
Puis dès le troisième – énergique – morceau « A Selection », un morceau du tout premier album, les musiciens s’affolent. L’ambiance sur scène et dans le public devient intense. ANGELO qui s’éclate sur les planches comme un fou prend toute la lumière. Je ne peux quitter le musicien des yeux. Lorsqu’il n’est pas en train de jouer du saxophone (qu’il change régulièrement, passant du plus gros au plus petit), il se frotte au plus près du public pour chanter. Il commence à se démener de plus en plus mais il n’est pas le seul. CHRIS est aussi à fond sur son clavier pivotant et prend parfois le chant lead. A noter que quasiment tous les musiciens chantent les chœurs, NORWOOD, dandy sur le retour devant son impressionnant jeu de pédales de distorsion, DIRTY WALT qui fait résonner sa trompette avec un micro, sous les coups de butoir de JOHN. MARK est un peu plus réservé, même si son jeu de guitare est bien intense.
Un peu de calme revient avec « All We Have is Now » tiré de leur nouvel EP, sorti après neuf ans de disette. Puis, c’est au tour de « Everyday Sunshine » d’être interprété. Ce morceau a le don de galvaniser le public. Une partie des fans dansent en cadence aux sons déployés par FISHBONE pendant qu’une autre partie déclenche les pogos. Je pense halluciner, je demande à ma femme de me pincer pour me réveiller, mais non, je ne dors pas, dans le public c’est l’hallali ! D’un coup, tout me revient. Ce que j’avais vu à l’époque me ressurgit en pleine figure… et quelques bousculades aussi.
Sur scène, ANGELO ne tient plus en place. Il a déjà posé sa veste et son chapeau. La chaleur intense de l’Ilyade déborde sur la scène et, d’un seul coup, le voilà qui se jette dans le public pour faire du crowdsurfing ! Oui, vous avez bien lu, dès le cinquième morceau, le voilà déjà dans le public en train de nager physiquement dessus !! Ce type est complètement fou !
Les titres les plus expressifs du combo s’enchaînent tout en déchaînant le public, de plus en plus téméraire. Les pogos sont de plus en plus nombreux et j’avoue que ça commence à devenir compliqué pour prendre des photos… D’autant plus que les stages diving, où l’art de monter sur scène pour se jeter dans le public, sont encouragés par un ANGELO toujours à fond. Lorsqu’un fan monte sur scène, le chanteur tente de lui faire chanter le refrain de ses chansons. Il échoue régulièrement jusqu’à ce qu’un jeune entre 13 et 16 ans, le bluffe en reprenant facilement les paroles avant de repartir dans le public. Même certaines filles font du crowd et certains spectateurs, qui ne sont pas coutumiers du fait, se lancent aussi. C’est devenu un peu n’importe quoi devant les planches et je ne vous cache pas que rester concentré sur ce qu’il se passe sur scène devient un peu compliqué. Mdr.
ANGELO a de plus en plus chaud. Il est torse nu maintenant, laissant apparaître ses nombreux tatouages. Au détour d’un autre morceau, ni vu ni connu, le voilà qui se refait une petite séance de surf dans le public, toujours micro en mains. C’est totalement dingue !
Les titres défilent et le groupe est toujours aussi survolté. L’ambiance sur les planches est fun, d’ailleurs le sourire qui ne quitte pas le visage des musiciens, prouve, s’il en est, qu’ils s’éclatent comme des petits fous. Au détriment, parfois, de la musique, mais on leur pardonne facilement, tellement ils se donnent sur scène.
C’est fou comme le temps passe vite ! Nous arrivons déjà au dernier titre « Party at Ground Zero » un des premiers titres qu’ils aient été amenés à jouer. Même pas vu que c’était la fin. Il faut dire que j’étais plus concentré à éviter de me prendre des pieds dans la figure ou des gens sur le dos. Il est 23h23 précises, lorsque le groupe quitte la scène, soit après 1h20 de show. Est-ce la fin ? Bien sûr que non, car après avoir bien fait poireauter le public pendant plusieurs minutes, le groupe revient frais comme un gardon.
« Bonin’ in the Boneyard » et « Freddie’s Dead », un cover de CURTIS MAYFIELD, qu’ils avaient joué en live pour la première fois en France en 1986 – ça ne rajeunit pas – sont joués l’un après l’autre. « Yes, WE love you ! », nous lance NORWOOD de concert avec ANGELO et CHRIS. Celui-ci d’ailleurs ne tient plus en place et laisse régulièrement son clavier pour un trombone à coulisse. Il en profite pour déambuler de long en large sur la scène, tout en prenant le chant lead.
Il est temps pour nos copains de FISHBONE d’entamer leur tout dernier morceau de la soirée avec « Sunless Saturday ». Ce titre tiré de leur plus fameux album « The Reality of My Surroundings », met littéralement le feu au public. Les stages diving et les crowdsurfing ne s’arrêtent plus, c’est le boxon sur scène comme dans le public. C’est vrai que c’est beaucoup plus facile si le chanteur vous encourage à le faire. Lol.
20 minutes plus tard, après le rappel, c’est fini. Le groupe quitte la scène sans même dire au revoir à son public. Un peu surprenant tout de même. Cependant, à peine la scène débarrassée, apparaît au stand de merch‘ un ANGELO tout sourire, content de rencontrer ses fans et faisant la promotion de son merchandising.
Après avoir salué, comme il se doit, le chanteur et le féliciter pour son étonnante prestation, il est temps pour nous de regagner nos pénates. Un gros orage avec une pluie apocalyptique nous attend en chemin pour s’effacer un peu plus tard. Ouf, pas mécontent que ça s’arrête, parce qu’on a beau dire que l’apocalypse ça plait aux metalleux, ça fait du bien quand ça s’arrête !!!
Un grand merci à Metallian Productions pour l’accréditation et, promis, on fera mieux la prochaine fois pour les demandes.