Samedi 07 octobre 2023 à Longvic (21)
Report : PIERRE@31 – Photos : ABIGAIL OSA SONIA
Cette deuxième journée du Rising Fest est historique : pour la première fois, le festival affiche complet (deux jours avant le jour J). C’est un beau signe de reconnaissance du dévouement de l’association Phoenix Rising.
Le parking de l’espace Jean Bouhey est donc bien garni. En revanche, dans la salle, ça reste confortable et on n’a jamais l’impression d’être trop serrés. Et on notera dans le lot que les mecs d’ANIMALIZE, non content d’avoir tout pété la veille sur scène, sont restés pour s’éclater à tous les concerts de la journée !
Et il y a un beau programme aujourd’hui qui vaut bien un sold out, alors que c’est composé à 80% de groupes français y compris pour la tête d’affiche. On m’aurait dit ça il y a quelques années, ça m’aurait fait rigoler et surtout extrêmement surpris. Maintenant ça me fait très plaisir et finalement ça ne me surprend pas plus que ça. Certes, en tant qu’animateur radio et chroniqueur, je soutiens toujours nos groupes nationaux pour le principe. Mais ce n’est pas pour autant que j’en suis automatiquement fan. Déjà je suis très difficile quand ça chante en français. Et quand ça chante en anglais, je bloque quand l’accent sonne trop franchouillard ! Mais depuis quelques années, je constate avec plaisir un progrès global de la scène hexagonale dans tous les styles de metal et beaucoup de groupes français actuels sont maintenant au niveau de la plupart des groupes allemands, américains, anglais, scandinaves ou italiens. Rien qu’en heavy, j’apprécie au moins autant l’écoute de TENTATION, EXISTANCE ou ANIMALIZE que celle des derniers albums de JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN ou HELLOWEEN. Alors si des festivals comme le Rising peuvent mettre ces nouveaux groupes en avant et qu’en plus ça remplit complètement, on peut se dire que la scène française se porte bien et a peut-être un avenir sympa. Voilà pour ma petite réflexion préliminaire 🙂
La journée commence à 14h30 avec les Jurassiens de CRAZY NIGHT KILLERS. Je ne découvre pas ce groupe : ce sont des potes de potes ! En fait, je les ai découverts fin juillet à un concert privé donné pour l’anniversaire de deux amis du Jura qui les connaissaient personnellement. Dans ce cadre intimiste d’une cinquantaine de personnes qui étaient tous des amis, potes ou connaissances, c’était bien entendu très bon et ça m’a bien fait plaisir de les voir se rajouter à l’affiche du Rising.
Avec le nom qu’ils ont, il n’y a pas de tromperie sur la marchandise : c’est du très bon heavy mâtiné de hard rock qui hume fort les années 80 (dans la musique comme dans les looks, d’ailleurs!), chanté en français et en anglais.
Les mecs sont bien déchaînés sur scène et bénéficient d’un excellent son. Tout le public n’est pas à l’intérieur, d’autant que le temps superbe qui règne sur la Bourgogne ce jour (effet du réchauffement climatique…) incite à rester discuter dehors. Mais il y a bien 200 à 300 personnes pour assister à la prestation de CRAZY NIGHT KILLERS, et ils ont bien eu raison au vu de l’énergie dégagée par le groupe.
Un EP est prévu pour bientôt et vu la motivation affichée sur scène, on devrait ré-entendre parler rapidement de ces Franc-Comtois.
Après cette mise en bouche de trois quarts d’heure fort sympathique, c’est un autre groupe de l’est de la France qui investit la scène, à savoir les Mulhousiens de SYR DARIA. Le groupe tire son nom du plus grand fleuve d’Asie centrale et existe depuis 2007.
Ils comptent trois albums à leur actif. Ils ont surtout pu faire des premières parties alsaciennes de groupes assez prestigieux tels que FREEDOM CALL, TANKARD, ABSOLVA, NIGHTMARE, ou encore une apparition à la Foire aux Vins de Colmar dont SCORPIONS assurait la tête d’affiche.
J’avais beaucoup entendu parler de SYR DARIA de la part de potes alsaciens qui les connaissent et les suivent depuis longtemps. Mais je n’avais encore jamais écouté. Le batteur est bien connu des fans de heavy traditionnel français puisqu’il s’agit de CHRISTOPHE BRUNNER “AKA BUBU”, ancien frappeur de fûts de LONEWOLF. On se doute donc bien que la rythmique va être solide. Et pour être solide, effectivement, ça l’est.
Le groupe pratique un heayy metal ultra carré, plutôt sombre et avec un son assez moderne et une touche épique, où les riffs de bûcherons font mouche à tous les coups. Ca me fait parfois penser à du ICED EARTH avec un son plus moderne. En tout cas, le groupe a sa patte bien à lui. On sent aussi l’expérience de la scène d’un groupe qui existe depuis plus de quinze ans, même s’ils ont joué essentiellement dans leur région. Le chanteur et bassiste GUILLAUME HESSE est vraiment excellent. Il a une très bonne voix et c’est un super frontman, très charismatique et communicatif. De ce fait, le public adhère complètement. Il faut dire que même sans connaître les chansons au départ, quand les riffs et les refrains font mouche et que le groupe est à fond, et qu’en plus c’est bien servi par le son, c’est difficile de ne pas headbanguer.
Je me ferais une joie de revoir SYR DARIA Daria sur scène, en espérant qu’ils aient l’occasion de jouer un peu plus au sud et à l’ouest que le sud de l’Alsace 🙂
Après l’Alsace, la Lorraine. A 16h40 c’est l’heure du goûter. Et pour le goûter, le Rising offre du ILLEGAL CORPSE ! Miam !
Il ne s’agit pas d’un clone ou d’un cover band de CANNIBAL CORPSE mais d’un bon groupe français, originaire de Nancy, et je recommande leur album “Riding another toxic wave” (2021) à tous les amateurs de bon thrash qui tâche et qui arrache. Du thrash crossover, pour être précis ! En effet, on est ici dans la lignée d’un MUNICIPAL WASTE et, surtout, d’INSANITY ALERT. C’est en effet aux Autrichiens (qui sont par ailleurs passés au Rising en 2022 et y ont laissé un beau souvenir) qu’ILLEGAL CORPSE me fait le plus penser.
Pour la “finesse” de leur musique et aussi pour le côté fun et l’utilisation de jingles (en l’occurrence des citations du film d’action “Predator” en VF) et de gimmicks cheap à mort, profondément débiles, mais qui font mouche à tous les coups. Quoi de plus débile, par exemple, que de balancer des requins gonflables géants dans la fosse ? Et le pire c’est que ça fonctionne au top. Les mecs balancent les bouées dans le public et ça pogote et ça circle pitte en essayant d’attraper et de balancer les bouées. Il y a quelques bières renversées au passage mais ça met une ambiance de folie.
Musicalement, il n’y a pas de grande recherche ni d’innovation mais ce n’est pas ce qu’on demande dans ce style. ILLEGAL CORPSE, c’est d’abord et avant tout de l’efficacité. Et dans ce domaine, ils sont très forts. Les riffs sont basiques et rapides, imparables. Le chant est déchiré et enragé. Le groupe est à fond. Le public aussi.
Je me suis éclaté comme un petit fou à ce concert des Lorrains. Ca fait bien plaisir, de temps en temps, de faire dans le régressif sans prise de tête ! Et c’est bien aussi qu’en France on ait quelques groupes de qualité dans ce style. Pour ILLEGAL CORPSE aussi, j’attends de les revoir plus au sud et plus à l’ouest !
Le groupe suivant, je l’ai justement vu plus au sud et à l’ouest un mois et demi plus tôt. Il s’agit des Grenoblois de SACRAL NIGHT. Ils s’étaient en effet produits au Pyrenean Warriors Open Air dans des conditions pas évidentes pour eux car ils étaient chargés d’ouvrir la journée. Or, il faisait très chaud et le soleil et le beau temps méditerranéens en plein air ne sont pas vraiment propices à mettre en valeur l’atmosphère dark et cosmique de leur musique. C’était très bien quand même, j’ai beaucoup apprécié mais clairement, je les attendais plus ici, où ils avaient la possibilité de jouer en indoor.
Leur chanteur ANTOINE VOLLAT, géant de près de 2 mètres, est un habitué des lieux puisqu’il s’y est déjà produit avec son autre groupe ELECTRIC SHOCK (c’est d’ailleurs au Rising 2014 que j’ai découvert ces derniers, et ANTOINE aussi pour le coup) et qu’il est là chaque année en tant que spectateur, quand il n’intervient pas en tant que guest d’autres groupes. Sans compter que SACRAL NIGHT est issu des cendres de SANCTUAIRE, groupe déjà venu également dans les premières années du Rising. Quand on dit que ce festival est une grande cousinade…
Le style de ce groupe est original. C’est du heavy francophone sombre et épique avec une bonne inspiration de MERCYFUL FATE. Mais ANTOINE a le bon goût de ne pas chercher à chanter comme KING DIAMOND, chose qui a tendance à m’exaspérer chez les groupes comme PORTRAIT, ATTIC ou THEM entre autres : le chant du King est unique, il ne sert donc à rien de l’imiter et de faire la même chose en moins bien. Et SACRAL NIGHT l’a bien compris ! Autres influences bien digérées : IRON MAIDEN et la NWOBHM en général. Et surtout, la musique de SACRAL NIGHT a un côté black metal très intéressant. Pas dans le chant, mais dans l’atmosphère et certains riffs qui sonnent quasiment comme du DISSECTION. Ces influences extrêmes leur apportent une véritable originalité et un son finalement assez unique. Ce mélange est aussi original que bien foutu, et j’aime beaucoup sur album.
L’emploi du français colle bien avec leur musique. Je ne suis vraiment pas un gros client du chant dans notre langue pour du heavy, à la base, mais sur une musique plus sombre comme celle de SACRAL NIGHT, ça passe crème. “Le diadème d’argent”, sorti en 2022, est clairement l’un des meilleurs albums sortis dans le style dans les dernières années.
La prestation ici n’a rien à voir avec celle qu’ils avaient délivrée au Pyrenean. A Torreilles, c’était déjà très bon, car très bien joué avec des mecs qui montrent une belle envie et un frontman charismatique, mais il manquait quelque chose. A Dijon, c’est tout simplement excellent.
L’envie et l’énergie sont les mêmes mais il y a un détail de taille qui fait toute la différence : ici ils jouent en salle et à une bonne température ambiante ! Et ça change tout. Là, l’aspect dark et ritualiste de leur musique est bien mis en avant, grâce à un bon jeu de lumières. Le jeu de scène est bien plus théâtral aussi, ANTOINE pouvant garder sa cape en velours plus de dix minutes sans l’enlever en urgence à cause de la chaleur catalane comme cela avait été le cas en septembre.
Côté setlist, la part belle est donc faite à leur excellent dernier album, dont la chanson éponyme et des titres comme “Les Mirroirs De La Lune”, “La Prêtresse De L’Atlantide” et surtout “Conquérant Des Lumières” sont vraiment irrésistibles.
Comme au Pyrenean, on a droit à deux reprises avec “Reckless” de JUDAS PRIEST pour clore le show et “Les visages de la peur” de leur ancienne mouture SANCTUAIRE (là le choix de reprise change par rapport à Torreilles, où ils avaient interprété “Par le sang et l’acier” de HIGH POWER). Tous ces morceaux ont fait mouche, le groupe recevant un superbe accueil, tout à fait justifié.
C’était bon !
On passe maintenant à une musique moins raffinée, mais surtout bien moins sombre et beaucoup plus fun avec les Nord-Irlandais de GAMA BOMB. Ce sera d’ailleurs le seul groupe étranger de la journée. Je les connais depuis pas loin d’une quinzaine d’années et je n’avais pas eu l’occasion de les voir sur scène donc je suis content ! Ils sont justement connus pour exécuter des prestations scéniques solides et sont maintenant l’un des groupes de thrash les plus reconnus du Royaume-Uni.
Du reste, si je n’écoute pas énormément au quotidien de groupes de la vague “retro thrash” (terme que j’emploie pour les groupes de thrash ultra-traditionnels formés après 2000 avec un son et des looks sortis tout droit des années 80) mais je suis rarement déçu en live. GAMA BOMB ne fera pas exception (d’autant que musicalement, ils sont dans le haut du panier de cette scène).
On est à peu près dans la même catégorie qu’ILLEGAL CORPSE, l’autre groupe de thrash de la journée qui jouait deux heures avant. A savoir un thrash crossover pas fin et efficace à souhait avec des morceaux “in your face” très courts saupoudrés d’une bonne dose de fun. C’est quand même un peu plus mélodique et varié que ce que les Nancéiens proposaient, avec des influences heavy plus marquées.
Ils comptent sept albums à leur actif (ce qui fait un bon rythme en vingt ans d’existence) qui offrent une bonne gamme (à bombes !) d’options pour une setlist. De ce fait, le groupe en a profité pour bien répartir leurs chansons avec au moins une par album. Leurs morceaux étant courts, il y a la place pour ça et pour placer en plus une bonne reprise de “If I should fall from grace with God” de leurs célèbres compatriotes des POGUES.
Toujours prêts à rire autant qu’à pogoter et avec un humour décalé so British qui est un élément essentiel de leur set, GAMA BOMB est également composé d’excellents musiciens qui savent envoyer la purée sans faire la moindre fausse note. Le concert a eu une dose de piment supplémentaire avec l’apparition d’une mascotte du nom de Snowy The Gamabominable Snowman sur la scène et un “wall of hugs” à l’image du wall of love de NANOWAR OF STEEL !
Avec tout ça, on a eu droit à l’ambiance la plus chaude de la journée. C’est avec GAMA BOMB qu’il y a eu le plus de pogos, circle pits et walls of death (plus le wall of hugs, donc !) et un public vraiment à fond. Il faut dire que des titres comme “Mussolini mosh”, “Slam anthem”, ou “Bring out the monster” sont particulièrement indiqués pour mettre le feu dans une fosse. Les Irlandais ont joué un peu moins d’une heure qui est passée à la vitesse grand V.
Encore un bon concert qui fait du bien par où ça passe !
Autre claque multi jouissive dans un autre style avec TITAN. C’est la deuxième apparition des Basques ici après leur venue en 2019. C’était également la dernière fois que j’y étais allé et je vois donc finalement le groupe pour mon deuxième Rising consécutif. Et c’est vachement mieux cette fois-ci ! Attention, je ne dis pas non plus que ce n’était pas bon il y a quatre ans. C’était bien, le groupe était carré, ça accrochait bien l’oreille mais il manquait quelque chose. Je n’étais pas complètement rentré dedans et je ne saurais vraiment expliquer pourquoi. Peut-être parce que tous ceux qui avaient vu TITAN depuis leur mythique concert du Pyrenean 2017 (pas de chance pour moi, c’était à la seule édition du PWOA où je n’ai pas été) m’en avaient dit tellement de bien que je m’attendais à encore plus ? En tout cas, au Rising 2019, j’avais aimé sans prendre une véritable claque. Ca va être tout autre chose à cette édition 2023.
Il faut dire aussi que c’est une période particulière pour TITAN. Déjà, ils ont un nouveau bassiste en la personne d’OSO (un ami personnel depuis plus de vingt ans, au passage). Et surtout, leur chanteur emblématique PATRICE LE CALVEZ est sur le départ. Il a en effet décidé, pour des raisons personnelles, d’arrêter la musique. Au moment du festival, nous ne le savions pas encore et absolument rien n’avait filtré. Mais le départ de PATRICE sera annoncé trois semaines après et une décision de ce genre ne se prend pas du jour au lendemain sur un coup de tête, surtout quand un remplaçant (un certain PEIO CACHENAUT, ami du groupe) est également annoncé. Je ne suis pas dans l’intimité du groupe mais il y a de fortes probabilités que la transition soit déjà en cours.
En tout état de cause, TITAN a livré là une prestation… titanesque (oui c’était un peu facile !) !
De la première à la dernière note, ça a été du headbanging non stop sur ce heavy francophone aux riffs acérés très inspirés par ACCEPT (dont ils auront le très bon goût de reprendre le classique “Breaker”). Les Basques sont dans une forme olympique (ni de Marseille ni lyonnais !) et forment sur scène un bloc soudé et motivé pour mettre le public à genoux. Leur dernier album “Palingenesia” sorti en 2021 est une petite tuerie. C’est simple : je le trouve bien meilleur que les trois derniers albums d’ACCEPT en date. L’élève a clairement surpassé le maître. Peut-être pas au point de faire des solos du niveau de ceux de WOLF HOFFMAN mais en termes d’inspiration et de qualité des chansons, le TITAN actuel est devant et ça se ressent aussi sur scène.
Comment résister à des morceaux aussi imparables que “Liberté”, “Mourir ailleurs”, “Les fous de Dieu” ou encore leur classique “L’Irlande au coeur” ? Tout ça avec un public conquis et à bloc derrière le groupe, leur hargne étant contagieuse. En terme de hargne, d’ailleurs, la palme d’or est à décerner à un PATRICE LE CALVEZ particulièrement motivé et inspiré pour l’un de ses derniers concerts. C’est dommage d’arrêter avec de telles capacités vocales, mais c’est son choix et il faut le respecter. Bravo à lui et à tout le groupe pour cette belle mandale. Gora Euskadi !
Avec tout ça, le temps passe très vite et sans s’en rendre compte, il est 22h15 et on en arrive à la tête d’affiche.
J’avoue que SORTILÈGE n’était pas franchement ma motivation première pour monter à Dijon. A la base, j’aime bien. Des groupes de la glorieuse scène du hard français des années 80, c’est probablement celui que je préfère avec KILLERS. En plus je garde un excellent souvenir du Tribute to Sortilège qui s’était produit au Rising 2018 avec les trois quarts des membres du groupe (mais pas ZOUILLE). Mais j’ai été très refroidi par leur prestation au Pyrenean Warriors Open Air 2019 pour la véritable reformation. II y avait eu alors beaucoup d’attentes avec le retour de Zouille. Et en fait, c’était un magnifique pétard mouillé. C’était mauvais, tout simplement. D’énormes attentes étaient nées de la reformation du groupe, qu’ils avaient semble-t-il prises à la légère car on avait vraiment l’impression d’avoir affaire à des musiciens peu concernés, qui n’avaient que peu répété avant le concert. Pour résumer, SORTILEGE avait foiré son retour scénique. Et je n’ai pas eu de bons échos non plus de la prestation à Vouziers. Après, il y a eu la pause forcée de 2020 et 2021 et des imbroglios juridiques entre ex-membres auxquels je n’ai pas compris grand chose (il faut dire que je n’ai suivi que de loin).
Pour moi, SORTILEGE, c’était mort. Et puis à partir de 2022, ils ont annoncé des dates un peu partout et un nouvel album. Alors que j’ai toujours des doutes sur les vieux groupes qui ressortent des albums longtemps après, j’ai été agréablement surpris à son écoute. Déjà parce que les nouveaux morceaux sont bons. Et surtout parce que “Apocalypso” n’est pas une version bis ou une continuation de “Larmes de héros” et “Métamorphose”.
SORTILEGE n’a pas versé dans la facilité du fan service comme tant d’autres groupes (souvent bien plus prestigieux, d’ailleurs). “Apocalypso” est sorti en 2023 et sonne tout à fait actuel, et a été composé par des musiciens qui arrivent à la soixantaine et qui ne cherchent pas à refaire ce qu’ils faisaient quand ils avaient 25 ans. Avec ça, le groupe a regagné mon respect. Je n’en étais pas encore non plus à sauter de joie à l’idée de les revoir. Chat échaudé craint l’eau froide, quoi ! Mais entre ce très bon nouvel album et de bons échos de leurs prestations récentes, j’étais prêt à leur redonner une chance. Bien m’en a pris.
En tout cas, peu de gens dans la salle partageaient mon scepticisme initial et c’est un public chaud patate qui accueille SORTILEGE. Le groupe débarque avec l’hymne “Amazone” : quoi de mieux qu’un classique pour se mettre dans l’ambiance ? Et ça va être une bonne heure et demie d’un superbe concert. Le nouvel album va être particulièrement bien défendu avec huit morceaux sur les dix-huit que le groupe a joués. Même si le style est différent, ça passe bien car ça donne une setlist bien variée.
Peut-être que les fans de la première heure qui s’attendaient à un show composé essentiellement de classiques seront déçus mais je n’en fais partie. C’est parfaitement interprété. Et surtout, chose à laquelle je ne m’attendais pas : ZOUILLE est devenu un bon frontman (à part qu’il met des lunettes de soleil sur scène et que j’ai horreur de ça !). Il communique bien avec le public et il est toujours parfaitement en voix. Cela dit, au PWOA 2019, il était aussi bon vocalement, c’était son jeu de scène qui n’allait pas du tout. Cette fois, il n’y a rien à dire de ce côté. Le reste du groupe est également au top. C’est réglé comme un métronome et les mecs affichent un véritable plaisir d’être sur scène. Le public le leur rend bien avec une superbe ambiance et des refrains chantés en chœur. Ce sera bien entendu l’explosion sur le rappel, avec un “Apocalypso” qui précèdera un “Sortilège” (la chanson, ou plutôt l’hymne !) repris par 500 personnes. Et ça, c’est beau !
Clairement, SORTILEGE a fait largement honneur à son statut de tête d’affiche. Et là, ce n’était pas en mode revival des années 80 mais un véritable show parfaitement actuel. Le groupe a su garder son style tout en s’inscrivant dans l’époque actuelle. Quelque part, c’est assez risqué de revenir et de tenter une évolution artistique, et finalement très peu de vieux groupes le font : si ça colle trop à ce que le groupe faisait dans la décennie glorieuse, il risque de se faire accuser de fan service ou de passer pour ringard ; si ça change trop, on peut dire qu’il perd son identité voire que ce sont des vendus. SORTILEGE a réussi, sur album comme sur scène, à trouver le bon équilibre entre ces deux écueils, et montre être un groupe honnête qui s’inscrit bien dans l’époque contemporaine. Bravo et respect !
C’est sur cette belle prestation de SORTILEGE que se conclut cette non moins belle dixième édition du Rising Fest. Le jubilé est une réussite totale. J’ai vu tous les concerts à l’affiche et, à part BURNING WITCHES (plus pour des raisons extra-musicales que pour leur prestation scénique, finalement), j’ai aimé chacun des groupes. Mention spéciale à ANIMALIZE, SORTILEGE et TITAN dont les concerts ont été particulièrement excellents et qui font vraiment honneur à la scène française.
Et bien sûr, un grand merci à Phoenix Rising pour avoir organisé tout ça avec passion, motivation et bonne humeur ! Qu’est-ce que ça m’avait manqué ! Vivement l’édition 2024 !