Report by SEB 747
Le voyage est un retour vers l’essentiel », dit un proverbe tibétain. L’essentiel étant pour moi un concert, évidemment… d’autant que ce n’est pas comme si j’en avais fait pléthore depuis le début de l’année. Donc, ce soir c’est à la villa Tacchini, au Petit-Lancy dans le canton de Genève, que je me rends. Mais pour aller voir quoi me direz-vous ? Eh bien, je vais au 1er Beer & Rock Party MMXXI Festival, voir cinq groupes qui me sont quasiment inconnus. Enfin, pas tant que ça, étant donné qu’il y a SPIT RECKLESS. Et comme j’ai deux fans absolues à la maison, je n’ai pas trop le choix. D’autant plus qu’ils ont joué la semaine précédente en plein air, pas très loin d’ici, mais que pour des raisons de temps plus ou moins pourri, je n’ai pu m’y rendre.
Partis un peu à la bourre, j’arrive sur les lieux que je connais par cœur avec un peu de retard sur l’horaire prévu. Pourvu qu’ils n’aient pas encore commencé ! Une fois devant la salle, je me rends compte que les portes sont encore ouvertes. Ouf, ils m’ont attendu, ils sont sympas quand même ! Comment ? Ce n’est pas moi qu’ils attendaient ? Je suis déçu. Lol. En fait, un des musiciens de WASHINGTON FLOOD, le premier groupe, va découvrir ce soir les joies de la paternité, et donc le groupe a dû décliner. Bien entendu, nous adressons toutes nos félicitations au nouveau papa.
Trèves de galéjades, parlons musique, puisque c’est bien de ça que nous voulons parler, sinon vous ne seriez pas en train de lire ce report.
Ce sont les STEREOPHRENICS, venus de Genève, qui jouent du coup les premiers ce soir. Ils nous sont présentés par de jeunes enfants de l’organisation qui sont vivement applaudis après leur petit speech. Ce ne doit pas être évident de se retrouver devant tant de gens pour la première fois. Ils s’en sont bien sortis.
Les lumières s’éteignent, les portes se ferment et les guitares rugissent. Chouette, ça commence ! Malheureusement pour moi, je n’arrive pas du tout à accrocher à leur prestation. Musicalement, c’est très bien fait et vocalement, ça tient la route avec des textes en Français et en Anglais. Mais c’est trop progressif et atmosphérique pour moi. J’apprécie de loin.
Le public de la Villa n’est pas d’accord avec moi, et c’est tant mieux pour le groupe qui reçoit une belle ovation. Dommage à mon avis qu’ils n’aient pas joué tous leurs morceaux comme leur dernier, parce que celui-là, je l’ai bien aimé.
Il est temps pour la pose hydratation et restauration en attendant le prochain groupe.
MALAVIDA, le second groupe à jouer ce soir, s’installe sur scène et je remarque qu’il n’y a pas de bassiste. Remplacé par un clavier et, technologie oblige – ou pas d’ailleurs – un ordinateur. Je remarque aussi qu’il manque le chanteur. Il y a un micro, une casquette dessus, mais personne devant. Bizarre ça, d’autant plus que les musiciens présents sur scène attaquent le premier morceau. Puis, tout d’un coup, surgit le chanteur, VIVIAN, caché dans le public. T-shirt MALAVIDA sur le dos, qu’il nous montrer fièrement, il attaque les planches remonté comme un coucou (suisse, forcément).
Dès le début du premier titre, il jette son T-shirt dans le public après avoir soigneusement vissé sa casquette sur le crâne. Une entrée très originale.
VIVIAN tient la scène d’une manière fort séduisante, et la Villa Tacchini qui se remplit petit à petit, est à fond avec le groupe. Les textes sont en Français et assez tortueux. Musicalement, nous avons droit à une sorte de NOIR DESIR en version plus punk sur un fond parfois stoner rock et, par moments, hardcore mélodique. Leurs morceaux ont une connotation assez sombre mais j’avoue être séduit par MALAVIDA qui fait bien vibrer la salle.
Une panne d’ordinateur lors du troisième titre, verra les autres musiciens et VIVIAN improviser une petite chanson en attendant que tout revienne à la normale. Vraiment excellent.
C’est un super moment que nous passons avec MALAVIDA et son chanteur complètement imprégné par ses chansons. A tel point qu’il finit le set allongé sur la scène, épuisé. Ils me font une forte impression et je jetterai une oreille sur leur premier EP sorti il y a peu.
Nouvelle pause hydratation, pendant que le batteur des WASHINGTON FLOOD, avec l’aide de son complice à la maternité en visio, téléphone en mains, présente à tous les musiciens du soir et leurs copains, la nouvelle venue dans le monde du rock ‘n’roll. Encore une fois, toute l’équipe de W.T.R. adresse ses félicitations à cette nouvelle famille. Ambiance toujours aussi sympathique en confédération helvétique.
Le troisième groupe TWIN PARADOX s’installe sur fond d’un “Rock and Roll Ain’t Noise Pollution” de qui vous savez. Le son est beaucoup plus fort que pour les groupes précédents et m’assomme un petit peu, ce qui m’oblige à reculer pour écouter la musique.
Musicalement, c’est très déstructuré et très déstabilisant. Techniquement parlant, ça tient plus que la route, et vocalement, largement aussi. Les morceaux qui défilent sont bons et intéressants, mais j’ai l’impression qu’ils manquent de cohérence. Et c’est là où le bas me blesse : j’ai du mal à accrocher. Est-ce l’heure tardive, le son vraiment fort ou la musique trop compliquée pour moi, voire l’attente de revoir SPIT RECKLESS, je n’arrive pas à savoir.
En tout cas, le guitariste chanteur qui a une superbe voix, se démène comme un damné sur la scène. Lui aussi tient le public au creux de sa main. Il s’exprime dans un Anglais impeccable, le Français n’ayant pas l’air d’être sa langue natale. Mais il fait l’effort de communiquer régulièrement dans la langue de Molière, ce qui est très appréciable pour les non anglophones. Il séduit le public qui a fait l’effort de rester et met une très bonne ambiance.
La musique de TWIN PARADOX me fait l’effet d’une sorte de FAITH NO MORE qui aurait engendré un DREAM THEATER, le tout dans une version helvétique. Très bien exécutée, mais trop étrange et complexe quand même. Le public de la Villa Tacchini a, quant à lui, beaucoup apprécié et soutenu le groupe tout le long de son set. C’est à la fin de celui-ci que le bassiste vient nous remercier en nous expliquant que ça ne fait que six mois qu’ils sont ensemble. Du coup, je comprends mieux ce qui m’a perturbé ce soir.
Il est l’heure pour les SPIT RECKLESS de s’installer sur scène. Il est déjà 23h passé, et pour une fois, la Suisse est en retard sur l’horaire annoncé. Surprenant, quand on connaît la réputation constatée maintes fois de la régularité helvétique.
Le groupe prend ses marques sur la scène. GILBERT, le bassiste, chausse ses lunettes noires, SERGIO, le guitariste, règle ses amplis, GREG, le batteur, ses toms et ses cymbales, et CHRIS, chauffe sa voix et sa guitare. Un petit medley pour organiser le son et c’est parti ! Quoi, c’est déjà fini ? Mais je n’ai même pas vu le temps passer, moi ! Bon, ben fin du report.
Mais non, je plaisante !! Les titres s’enchaînent à une vitesse folle. De « Stop foolin’ me around » au hit en puissance « You make me Happy », de la sublime semi ballade « I still think about You » à « Last action Hero », tous les titres de leur unique album sont joués ce soir. Et de quelle façon !
Le groupe démonte tout sur son passage. CHRIS à l’air encore plus motivé que jamais, courant et sautant, comme à son habitude, de partout. Le groupe joue encore mieux qu’avant. J’ai même l’impression que les titres sont plus « hard ». Ils n’ont pas changé de style en deux ans mais semblent avoir musclés leur jeu.
Les musiciens se font plaisir sur scène et ça se voit. Ils sautent régulièrement ensemble sur la fin des morceaux. GREG frappe ses fûts avec une précision millimétrée, se levant derrière ses toms pour jouer avec ses cymbales, tandis que GILBERT fait groover sa basse, à tel point qu’elle semble faire corps avec lui. SERGIO et CHRIS qui tiennent la scène, se répondent coup sur coup.
« Ça va la Tacch ? », demande régulièrement CHRIS. « Vous passez un bon moment ? ». Ben non, on ne passe pas un bon moment : on passe un super moment !!! C’est génial, le groupe est au mieux de sa forme. D’ailleurs, le public restant manifeste sa joie à chaque intervention du frontman. Impossible de résister devant la musique entraînante de SPIT RECKLESS.
Du premier au dernier morceau « Rock ‘n’Roll coaster » tout a été incroyable. Les titres ont défilé comme si le temps s’était arrêté. Je n’ai rien vu venir. Les SPIT RECKLESS ont joué un de leurs derniers concerts de l’année et ont remué la Villa Tacchini qui n’attendait que ça.
Le set fini, il est temps de rentrer à la maison, pas le temps de papoter avec les musiciens. Il faut dire que les portes devaient se fermer à minuit et que l’horaire a été largement dépassé, ce qui est plutôt inhabituel chez nos voisins.
Bilan de la soirée : STEREOPHRENICS, bon, mais pas trop mon truc. MALAVIDA, à revoir rapidement. TWIN PARADOX, j’irai bien revoir aussi mais dans quelques temps. SPIT RECKLESS, je suis toujours aussi fan, mais j’ai une question : à quand le nouvel album ?