05 octobre 2019 – Plan des Ouates (Suisse)
Live Report by Seb 747 – Photos : Steve*74
Aujourd’hui, c’est en famille que je me rends à la quinzième édition du festival rock d’Arare à Genève. Plus précisément à Plan les Ouates, juste à côté de la frontière. En effet, ce soir, il y a SPIT RECKLESS qui joue et j’ai deux fans absolues à la maison. Bon d’accord, elles ne sont pas les seules, j’aime bien aussi. En même temps, cela me permettra de découvrir d’autres groupes et de faire un report pour le rédac’chef, et pour vous aussi chers lecteurs, bien entendu.
L’avantage qu’il y a à faire un concert en Suisse c’est que, bien souvent, ils sont gratuits ce qui, malheureusement, est rarement le cas chez nous. Outre SPIT RECKLESS, il y a trois autres groupes que je ne connais pas : THE RAMONAS, ALCH3MY, et MIGHTY BOMBS. Cela s’avère plutôt intéressant comme soirée.
Ce festival, que je fais pour la seconde fois, se tient en plein centre-ville, sous de grands chapiteaux. Il y a de quoi se restaurer avec des stands de frites et de saucisses et même de hamburgers. C’est le rédac’ chef qui aurait été content ! Lol. Vous pouvez aussi acheter des crêpes, de la pâtisserie faite maison, sans oublier bien sûr, les stands de boissons.
Pendant que je salive sur tous ces mets, plus appétissants les uns que les autres, je retrouve mon compère Steve*74 venu comme moi, assister à ce festival prometteur. Plus on est de fous… vous connaissez la suite !
Bon, assez parlé de copains et de bouffe, et racontons un peu la musique. La grande scène qui se trouve au fond du chapiteau accueille, comme nous l’annonce un organisateur, le premier groupe, en l’occurrence SPIT RECKLESS.
CHRIS WALL, le chanteur guitariste entame « Easy Come Easy Go », le premier titre de leur set, non sans avoir appelé le public, assez nombreux, à se rapprocher de la scène. Et c’est parti pour une heure d’un show toujours aussi intense ! Tous les morceaux sont des hits en puissance, que ce soit « Magic Pills » ou bien « Stop Foolin’ Me Around » qui suit juste après ou encore « Shackle » qui fait chavirer le public avec son histoire d’équipage de bateau et ses “na na na na” repris par le public. Ce morceau teinté de blues, avec une légère pointe de heavy, fait toujours son effet.
Bien évidemment, le groupe ne peut s’empêcher après « Bloodstain », de nous interpréter son incontournable hit « You Make Me Happy ». Les copines hurlent leur bonheur, et le public est en feu. Mais ce n’est pas fini. Après « Growin’ up », c’est « Rock ‘n’ roller coaster » qui se charge de faire fondre les spectateurs… enfin, surtout les spectatrices en l’occurrence. Il y a même des très très jeunes fans, casque anti-bruits sur les oreilles, qui s’éclatent devant les planches. Ils sont à fond. C’est les parents qui vont être contents ce soir quand ils iront se coucher !
Ce soir, je remarque que différentes générations de fans sont présentes, toutes les tranches d’âges ont l’air d’apprécier la musique du groupe. Oui, d’accord, le festival est gratuit et en Suisse, contrairement à chez nous, on va à un concert comme si on allait au ciné, en famille. Mais cela n’empêche pas qu’il ne reste quasiment plus de place devant la scène. Il faut presque jouer des coudes pour rester. Le plaisir communicatif de SPIT RECKLESS se ressent au travers du public.
Les riffs du nouveau guitariste SERGIO sont très bons. Il est très actif sur scène. GIBS est toujours derrière la basse, et VG, derrière sa batterie. La rythmique soutient parfaitement l’extraordinaire voix de CHRIS WALL, qui monte souvent très haut mais toujours avec un sens de la mélodie qui tue. Lorsqu’il délaisse sa guitare, ce n’est que pour mieux conquérir son public.
Les remerciements effectués, c’est le côté hard-rock qui reprend le dessus avec « Last Action Hero » et son refrain agressif. CHRIS doit avoir des ancêtres Wallabies, il saute de partout, comme un kangourou ! Histoire de finir d’achever le public, le voilà qui sépare la foule en deux pour lui faire chanter une fois encore le refrain de « You Make Me Happy ». Repris par un public bien présent, cela fait son effet sous le chapiteau !
Le groupe conclut son set par une ballade inédite « Miles Away », toute en guitare acoustique. Je ne suis pas particulièrement séduit par ce morceau, lui préférant un « Say » plus incisif et non interprété ce soir. Mais bon, cela ne m’empêche nullement d’avoir apprécié leur set.
Si FREEDOM CALL a inventé le “Happy Metal”, je crois bien que nos copains genevois de SPIT RECKLESS ont inventé le “Happy Rock”. Leur rock-hard joyeux étant tout bonnement imparable ! Le show terminé, nous allons saluer Chris Wall au stand de merch, en attendant la suite.
Le temps de discuter un peu, THE RAMONAS s’installe sur scène. Venu de Grande-Bretagne, c’est un tribute féminin aux, je vous le donne en mille, RAMONES. A noter que c’est le premier groupe féminin, et peut-être même le seul, qui rend hommage au légendaire groupe punk. La politique du webzine étant de ne pas faire de reports sur les tribute bands car ce n’est pas de la création, je ne vais pas développer. Ce que je peux toutefois dire, c’est que c’est du copié-collé même si la chanteuse est bien révoltée. Il y a même un personnage qui débarque de derrière la scène, avec une pancarte « Gabba Gabba Hey ! » durant le morceau « Pinhead », tout comme les RAMONES le faisaient à l’époque, mais bon, personnellement, je reste dubitatif.
Allez, c’est l’heure du repos du guerrier – et du rassasiement – tout en jetant au loin un œil sur la scène où le groupe suivant installe son matériel. VG le batteur de SPIT RECKLESS, vient discuter avec nous pour savoir si leur prestation nous a plu et je lui rappelle qu’il y a de ça une dizaine d’années, je l’avais vu lorsqu’il jouait dans un autre groupe avec le chanteur de HEADLESS CROWN. Nostalgie, quand tu nous tiens…
Quelques minutes plus tard, ALCH3MY, le groupe toulousain, fait son sound check. Le son des guitares, me surprend agréablement. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour jeter un œil sur la toile et je ne sais pas à quoi m’attendre. Cependant, étant donné le look des deux guitaristes, j’ai l’impression que ça ne devrait pas être ma came. Du coup, je ne me fais pas d’illusions malgré, je le répète, le son des grattes qui m’interpelle.
Puis, les lumières s’éteignent, et là d’entrée de jeu, des grosses guitares, bien “métal” prennent d’assaut le public d’Arare, sous les coups de massue du batteur et du ronflement de la basse. Les deux guitaristes remontés comme des coucous (Oui ! suisses !) s’emparent de la scène. Puis une voix rocailleuse semble sortir de nulle part.
Le chanteur RYAN, se juche sur un retour et s’approprie le micro. D’un seul coup, je me rends compte que mon corps ne me répond plus. Ma tête n’arrête pas de faire des mouvements de bas en haut. Je suis pris dans cette musique. Un mélange de 3 DOORS DOWN et de NICKELBACK. Cool, ce sont des groupes que j’aime bien ! Et dire que je pensais que ce n’était pas pour moi, j’en tombe des nues ! Comme quoi, “l’habit ne fait pas le moine”, j’en ai la preuve ce soir.
En revanche, j’ai l’impression d’avoir déjà vu le groupe quelque part… Pas exactement avec les mêmes membres, mais le chanteur me dit quelque chose… Après avoir fait travailler ma matière grise, je me souviens. Bon sang mais c’est bien sûr ! Euréka ! Ils ont participé, comme mes copains de BLACKRAIN, à l’émission de TV : “ La France a un incroyable talent”. C’était en 2010, bien avant nos copains savoyards et ils ont même terminé second. Comme quoi, ça sert des fois de s’abrutir devant la télé. Mdr.
C’est comme ça que le combo a été repéré par CHRIS HENDERSON, guitariste du groupe 3 DOORS DOWN qui, après avoir écouté l’un de leurs titres sur une radio américaine, a décidé de produire leur troisième album. Ils ont passé cinq ans à tourner aux States et ont joué dans des salles telles que le « Whisky a Go Go » et le « Viper Room » à Los Angeles, et même à Montréal dans un célèbre club de là-bas, le « Club Soda ». Tout ça, jusqu’à ce que RYAN retourne en France. Avouez qu’il y a quand même pire comme carrière.
Le son est absolument titanesque, un peu trop d’ailleurs. Il me faut pousser mes bouchons un peu plus profondément dans les oreilles. Mais bon, une fois fait, ça passe.
WILL à la basse fait ronfler son instrument sous la frappe sèche d’ETIENNE le batteur. Par moments la musique d’ALCH3MY frôle avec le stoner puis revient sur le grunge, avant de lorgner du côté Hard FM.
MATT, le guitariste blond est impressionnant dans sa dextérité. Il virevolte et prend toute la largeur de la scène. Il va jouer à côté de son chanteur, va au-devant du public, fait le show et semble plus à l’aise que ses camarades.
SHYAM, le deuxième guitariste est aussi bon que son compère. Un peu moins démonstratif, il semble plus technique et ses solos sont plus nerveux. Il va même jouer avec sa guitare derrière la tête ! Impressionnant !
Chaque instrument est à sa place et l’on sent que le groupe maîtrise bien son sujet. Le chant est parfois doux et parfois rugueux. RYAN a un timbre assez proche de CHAD KROEGER, le leader de NICKELBACK, mais avec une certaine personnalité. Et, lorsqu’il se lâche davantage et interprète son chant avec vigueur c’est pour mieux surprendre le public. Il semble le tenir au creux de sa main. Le charisme de RYAN est sans appel. Malgré les difficultés que l’on peut penser dans sa vie de tous les jours, il n’en laisse rien transparaître. Ce soir, il est à fond, tout comme ses musiciens.
RYAN aime plaisanter avec son public et le charrie souvent entre les morceaux. Lors d’un titre plutôt doux, il décide de faire comme THE ANSWER et fait asseoir le public. « Les gens qui sont déjà assis au fond, c’est pas la peine, vous êtes déjà assis, c’est bon ! » dit le chanteur mort de rire.
Tous les morceaux sont aussi des hits en puissance. Dans une version plus néo-grunge que leurs voisins suisses de SPIT RECKLESS, mais très agréable à l’écoute.
Les titres passent à une vitesse d’un TGV sur les rails, et c’est déjà la fin. Mais RYAN a une dernière surprise dans sa besace. Il fait monter une partie du public pour que les gens s’éclatent avec lui. Quasiment personne ne peut résister à son appel et c’est le bordel sur scène !
Personnellement, j’en aurais bien repris un peu de cette alchimie mais, malheureusement, l’organisation est un peu à la bourre ce qui, vous l’admettrez volontiers, est plutôt étonnant en Suisse. Il faut donc laisser la place au dernier groupe, les MIGHTY BOMBS.
Mais quelle claque j’ai prise. Je ne m’attendais pas à ça, je le reconnais. Par contre, je me pose une question : comment vont faire les MIGHTY BOMBS pour assurer, étant donné le niveau de prestation de nos copains toulousains ? En plus, nous sommes déjà le dimanche matin, et j’ai l’impression que le public commence à déserter. C’est vrai que comme disent les birmans “Il n’est jamais plus tard que minuit”, mais j’ai tendance à penser que la très jeune génération du tout début est allée se coucher.
Je suis en train de me demander même si je vais rester quand j’entends les balances. Je suis intrigué par ces deux nanas devant la scène et leur copain batteur. Ils ont l’air d’avoir de l’énergie à revendre et moi, je ne sais par quel miracle, je tiens encore debout. Alors, écoutons ce que les MIGHTY BOMBS ont à nous proposer !
Ah, ça y’est, c’est parti ! Un morceau ultra-énergique attaque : “Dizzy Love” et le public restant s’amasse devant la scène. Puis, le groupe s’arrête. Ah, c’était la balance ! Fallait prévenir ! Lol. Évidemment, il faut que le présentateur vienne sur scène pour nous les présenter. Alors, il monte sur scène en courant devant le micro pour hurler “Voici les MIGHTY BOMBS” ! Et nous voilà enfin dans le vif du sujet avec “Run and Go”.
Musicalement, nous sommes dans du garage punk qui va à fond les ballons. Sans compromis, rien que du riff, du ronflement de basse et des frappes rapides.
ONNE WAN, la guitariste chanteuse survoltée et LUCY CAT, la bassiste plus tempérée, forment un trio avec DANIEL, le batteur remplaçant pour ce concert. La chanteuse, qui s’exprime avec un accent espagnol très prononcé, est aux taquets. Ses riffs sont incisifs, tendus et percutants. Sa voix est un mélange de JOAN JETT (en version keupon, évidemment) et SUZI GARDNER, la chanteuse de L7. C’est keupon, certes, mais bien mélodique aussi. Hargneux à souhait, complètement anarchique et sans relâche.
Un sentiment d’urgence semble palpable sur scène. ONNE enchaîne les titres sans vouloir s’arrêter. Tout de rouge vêtue, elle se démarque. Elle headbangue tellement que ses cheveux longs couleur d’ébène aux mèches rouges lui tombent régulièrement sur le visage. Cela ne l’empêche nullement de chanter. Tout à fond sans s’arrêter !
LUCY n’est pas en reste non plus. Ses vrombissements de basse hypnotiques résonnent sous le chapiteau d’Arare. Elle est plus discrète mais arpente aussi la scène et reprend les refrains avec vigueur.
Cependant, c’est bien sur ONNE que tous les regards se posent, tellement elle semble s’imposer sur la scène. Si certains effluves spiritueux semblent avoir pris le dessus sur le débit de paroles de notre copine, ce n’est pas le cas sur son énergie. Et, lorsqu’elle a le malheur de se casser la figure, tel un ANGUS YOUNG au féminin, elle tourne sur le dos et continue de jouer, comme si sa chute faisait partie de sa prestation. D’ailleurs, je me demande même jusqu’à quel point elle ne l’a pas fait exprès. Cela a le don d’impressionner le public qui adoube la prestation de notre copine genevoise.
Pas de trêve, les deux compères ne lâchent pas l’affaire, bien soutenues par DANIEL et ses frappes puissantes. Ce sont des véritables furies. C’est fou l’énergie qu’elles insufflent sur scène ! Et, même si j’ai l’impression que les titres se ressemblent, je ne suis pas lassé, tellement la bonne humeur et la pêche de ONNE et de LUCY m’enivrent. Les deux guitaristes enchaînent les morceaux. Ceux de leur tout premier EP “Not On This Earth” et ceux de leur récent LP “Begin Anywhere”. Et tout ça dans une ambiance ultra fun.
Au bout d’un moment, DANIEL sort de son kit pour rejoindre les filles devant les planches et, à l’initiative d’ONNE, ils se jettent dans un pas de danse totalement improvisé. Et l’on se dit que le concert est terminé. Cependant, les voilà qui remontent sur les planches pour nous asséner plusieurs morceaux qui, encore une fois, ne font aucun compromis. Puis, c’est avec “Something to say”, que le groupe abandonne définitivement la scène.
Oui, mais voilà, les spectateurs restant, en redemandent et nos MIGHTY BOMBS reviennent une nouvelle fois pour jouer un dernier morceau non indiqué sur la set list. Ce soir, c’est une prestation sans faille que nous a présenté le groupe. Ultra-énergique, complètement sauvage et sans répit. Je suis vanné !
Si je devais résumer en une phrase la prestation des groupes de ce festival, je dirais : SPIT RECKLESS un futur très grand, ALCH3MY sacré découverte, à revoir au plus vite et MIGHTY BOMBS anarchy in Switzerland.
C’est avec un regain d’énergie que je quitte à regret le Festival rock d’Arare, en me disant que, si la programmation est aussi intéressante que celle de ce soir, j’y retournerais volontiers l’an prochain.