Tagged: 23 JUIN 2017

SILVER DUST

Ce soir, et comme régulièrement depuis quelques temps, je me dirige vers la Confédération Helvétique. Il va de soi qu’habiter à côté d’une frontière n’est pas donné à tout le monde, et c’est la raison pour laquelle, lorsqu’un groupe susceptible de m’intéresser se profile à l’horizon, je n’hésite pas une seconde.

Mais pourquoi, me diriez-vous, faire quatre heures de route aller/retour pour aller à un concert ? Déjà parce que : « Quand on aime, on ne compte pas », et ensuite… parce que c’est gratuit !

Et pour aller voir quoi, d’abord ? Je vous le donne en mille, encore un groupe suisse, les SILVER DUST !

Ca fait plusieurs mois que je perçois que ce groupe, originaire d’Ajoie dans le Jura suisse, à tout pour plaire. Ils ont des gueules et un look d’enfer, ils ont un marketing dantesque et j’en entends souvent le plus grand bien. Cependant, je ne connais pas du tout leur musique. Je jette donc un œil vite fait bien fait sur le net et ma curiosité est encore attisée par ce que j’entends… D’où l’idée de moins en moins saugrenue de faire deux heures de route pour en savoir plus !

Parti de bonne heure sous un soleil chaleureux, je me dirige vers le sud de la Riviera vaudoise, en compagnie de mon compère Steve*74. Arrivés sur place, nous cherchons le lieu. Sans GPS, quoi de mieux que de demander son chemin aux passants. Manque de bol, les gens ne connaissent pas le nom de la place où doit se dérouler le concert. Damned, on va encore rater le début du concert ! Alors, direction la gare car, comme tout le monde le sait, quoi de mieux qu’un chef de gare pour nous indiquer le chemin ? Celui-ci, nous explique, avec un bel accent suisse, que nous sommes juste à côté. Cool, pour une fois, nous sommes en avance. Et en plus, cerise sur le cake – comme dirait Ti-Rickou – la scène se situe face au lac Léman. Que demander de plus ? Une petite visite du centre de la ville s’impose, mais il n’y a pas photo, la vue sur le lac est de loin la plus belle.

SILVER DUST

Trêves de bavardages, il est temps de parler métal !!! 

SILVER DUST a vu le jour en 2013 et a sorti son 1er album la même année. Trois ans plus tard – et un changement de la moitié du line-up après – ils sortent leur second album « The age of decadence ». Dans la foulée ils décrochent une tournée européenne de deux mois, en première partie de LORDI.

Ce soir, le groupe fête la rediffusion de leur dernier opus mais cette fois-ci sur tout le continent européen, ce qui est une première pour un groupe ajoulot. Peut-on faire mieux, on se le demande. Il y aurait à la clé une success story que ça ne m’étonnerait qu’à moitié, lol !

Sur la scène, je découvre un décor qui, tout de suite, m’interpelle. Il y a pas mal d’accessoires extra-musicaux et même un miroir. C’est à la fois bizarre et surprenant cette histoire. Je remarque que les spectateurs qui attendent au bord de la scène ont quasiment tous un T-Shirt du groupe. J’ai comme l’impression de me sentir à part, moi !

SILVER DUST

Une intro inquiétante démarre et comme par magie le miroir sur le côté de la scène s’allume. Une vidéo démarre sur une porte qui grince et des bruits de pas. Et là, une femme, tout de noir vêtue apparaît sur scène. « What the Hell ? », perchée sur des plate boots, elle porte un voile de deuil et tient une rose noire à la main ! En plus, elle est maquillée comme un soir d’Halloween, voire un black métalleux. Heureusement qu’il fait encore jour car, pour les âmes sensibles, ça pourrait être flippant ! Mdr.

Ah, les musiciens montent enfin sur scène, nous sommes sauvés ! Quel look ! C’est d’enfer ! Je suis tout de suite conquis.

« Welcome », le tout premier morceau de cette fresque attaque d’entrée de jeu par un gros growl des familles. « Aargh ! Dans quel monde suis-je tombé ? ». Ouf, ça continue avec une voix normale. Bon sang, elle est complètement incroyable cette voix et ce morceau est absolument génial ! Dès les premières notes du set, nous sommes plongés dans un univers où le mystique et l’intemporel s’entremêlent. Il y a une interaction avec le miroir qui augmente l’impression d’entrer dans un monde sombre et étrange. C’est très bien fait.

SILVER DUST

« So let me now » résonne sur la place. Avec toujours cette interaction avec le miroir. Nous sommes plongés dans l’univers inquiétant des jurassiens. Leur musique est monstrueuse. Même les hurlements d’outre-tombe qui d’habitude me rebutent, m’attirent sur ce coup-là. Je ne suis pas le seul d’ailleurs, car des hannetons, dérangés par le bruit, s’invitent sur scène et dans le public !!

Par moments, la voix de LORD CAMPBELL – le chanteur, vous vous en serez doutés – se fait grave et par moments, il nous ressort une voix aiguë et ultra-mélodique sortie d’on ne sait où. C’est vraiment phénoménal.

Le dark métal à l’univers très baroque de SILVER DUST me fascine. L’inspiration de l’univers décalé de TIM BURTON est ici très présente. Ça part dans tous les sens. C’est même plus qu’excellent. J’adore ! Perso, je suis devenu fan. Par moment, on croirait entendre du QUEEN. Un FREDDIE MERCURY qui aurait décidé de pousser des growls. Je vous le garantis, c’est très étrange.

SILVER DUST

Les morceaux phares de leur dernier album s’enchaînent avec ceux issus de leur 1er opus. Et ça le fait grave. J’ai de plus en plus l’impression que l’histoire que le groupe nous raconte m’entraîne dans un univers sombre et inquiétant. Et voici « Heaven knows » suivi de près par « The age of decadence » avant d’enchaîner sur « My heart is my savior ». Que d’excellents titres, avec toujours ce pendant avec les vidéos diffusées sur le miroir et la comédienne qui, habillée de façon différente à chaque fois, interagit avec LORD CAMPBELL.

L’histoire est prenante. Les growls reviennent avec parcimonie dans les titres des jurassiens, mais ils ne sont jamais pénibles. Ils renforcent les morceaux.

Tiens, mais c’est la « Toccata » de BACH qui est jouée sur la vidéo ! Une organiste apparaît sur le miroir. Masquée, elle invite LORD CAMPBELL à la suivre. Celui-ci s’empare alors d’une belle guitare et reprends la mélodie avec vigueur. C’est à un combat épique auquel nous avons droit. Le chanteur guitariste faisant preuve de tous ses talents pour reprendre les mélodies de l’étrange organiste. D’ailleurs durant son solo, LORD CAMPBELL nous fera un petit « Eruption » (oui, oui, le légendaire solo d’EDDIE VAN HALEN !) et nous sommes à la limite de la perfection. C’est super chouette et le cadre est idyllique. Le coucher de soleil sur le lac renforce cette sensation. Le côté théâtral du groupe est fascinant. On s’y croirait !

SILVER DUST

Les morceaux s’enchaînent et LORD CAMPBELL alias KIKI CRETIN, l’âme du quatuor, en super frontman qu’il est, fait mettre son public à genoux. Celui-ci s’exécute de bonne grâce et sans se faire prier. Et voilà que notre chanteur décide de descendre de la scène pour faire chanter les spectateurs. Il court comme un lapin à la rencontre de son public. C’est génial cette ambiance !

Chaque musicien a droit à son solo mais, comme le côté théâtral est toujours présent et que les musiciens sont très impliqués, on ne s’ennuie pas une seule seconde. TINY PISTOL, au look hipster, est un super gratteux. Ses riffs sont majestueux. D’une fluidité excellente, ils enrichissent les morceaux du groupe. KURGHAN, grand bassiste par la taille et le talent, est un sérieux headbanger. Il a dû se faire greffer un cou de taureau pour pouvoir faire l’hélicoptère ainsi. Sa basse mise en avant sur les morceaux renforce le côté sombre de leur musique. Mr KILLJOY, le batteur, a des faux airs d’Oncle Fétide de la famille Adams, mais c’est un sacré frappeur. C’est sa batterie qui doit être heureuse. Il joue avec ses baguettes, les faisant tournoyer régulièrement entre ses doigts à une vitesse folle. C’est un grand showman. Plein de grimaces, il exhorte le public en n’hésitant pas à se lever de derrière ses fûts et en haranguant son public. Autant que LORD CAMPBELL qui nous conte son histoire. Et en plus, il joue avec un doigt cassé !

SILVER DUST

SILVER DUST met un point d’honneur à présenter un véritable spectacle théâtral à chacun de ses concerts parait-t-il. Je confirme, ils arrivent même à vous faire entrer complètement dans leur univers.

Tiens, ils nous font une partie acoustique. Ce moment est bienvenu et nous permet de respirer. Il embellie parfaitement leur histoire.
« Il est temps de fermer notre univers » nous dit LORD CAMPBELL. « Nous vous y avons invités et il est temps d’en sortir ! ».

« Ave Satani » commence et la comédienne revient sur scène, menée à la baguette par LORD CAMPBELL qui, tenant un livre en ses mains, répète une litanie. Malheureusement, celui-ci perd son combat. Qu’est-ce que ce jeu de comédiens est bien trouvé ! Je l’ai dit, et je le redis, on ne s’ennuie pas une seule seconde !

« Je suis fan de mes musiciens. Ils sont exemplaires, les meilleurs pour SILVER DUST. » nous clame LORD CAMPBELL après nous les avoir présentés. Entièrement d’accord. Il y a une incroyable osmose entre ces quatre compères !

SILVER DUST

Le solo de TINY PISTOL s’achève et c’est sur « The judgment day » que ce termine cette histoire. Enfin pas complètement. LORD CAMPBELL, KURGHAN et TINY PISTOL délaissent leurs guitares pour des fûts à la TAMBOURS DU BRONX. Chose peu commune dans les groupes de métal, ils finissent en faisant tous les trois des percussions sous les coups de butoirs de Mr KILLJOY. Ça sonne super bien et en plus, ça donne un côté kitch à l’ambiance. L’histoire se clôture de façon insolite, mais comme le groupe n’est absolument pas commun, alors, ça le fait grave !

Un conseil, si vous aimez le côté théâtral à la POWERWOLF, par exemple, et que des growls, utilisés avec parcimonie, ne vous effraient pas, n’hésitez pas une seule seconde à aller voir SILVER DUST, vous ne serez pas déçus !

Dès la fin du concert, le public se rue sur le merchandising du groupe. Les musiciens se prêtent plus que volontiers à prendre des photos, signer leur CD et discuter avec les gens. LORD CAMPBELL a beau être un personnage fascinant sur scène, tout comme ses trois autres camarades, il est d’une humilité rarissime et très à l’écoute lorsqu’on discute avec lui. Pas de grosse tête pour ces musiciens, trop contents de partager avec nous leur passion musicale.

Il est l’heure de dire au revoir, en assurant aux SILVER DUST que nous reviendrons les voir une prochaine fois. Ce n’est pas qu’il soit tard – la nuit vient à peine de tomber – mais le ciel en revanche a décidé de se noircir de plus en plus. Donc méfiance. Et puis, il faut le dire, il nous tarde d’écouter « The age of decadence » sur la route du retour !

SILVER DUST