Une semaine après les terribles attentats de Paris et les trop nombreuses victimes du concert au Bataclan, la vie reprend ses droits. Surtout ne pas rester enfermé chez soi dans ses peurs, reprendre goût à la vie et repartir sur le chemin des concerts.
C’est décidé, l’occasion d’entrer en résistance et de repartir sur de bonnes bases est trop belle et trop tentante avec le concert de JUDAS PRIEST à l’Arena de Genève.
Quand je franchis les portes d’entrées et ensuite le grand rideau noir qui sépare le hall de la salle, je suis surpris par le monde présent, la salle est bondée. Je me rapproche à coups de coudes de la scène, et là stupeur, une fois les premiers rangs passés je m’aperçois qu’en réalité la taille de la salle a été réduite. La scène a été avancée pour réduire l’espace et les sièges au balcon ne sont remplis que sur les premiers blocs. Du coup nous sommes, à vue de nez, à peu près 2.500 personnes, ce qui est peu vis-à-vis de la capacité de l’endroit.
Je ne sais pas si c’est le prix des places – c’est super cher même pour un suisse, alors que dire pour nous, pauvres français ! – ou un manque d’intérêt pour le groupe ? Pour ma part, je ne sais pas quel est le cachet du groupe, mais je crois que l’organisateur devrait peut être revoir ses prix à la baisse s’il désire remplir à nouveau cette belle salle.
Pour débuter cette soirée qui s’annonce sous les meilleurs auspices, les BLACK STAR RIDERS prennent place sur scène. Pour ceux qui auraient migré sous d’autres cieux ou hiberné ces derniers temps, ce groupe s’est formé autour des cendres encore chaudes du dernier THIN LIZZY. Formé autour du charismatique guitariste SCOTT GORHAM, le line up est composé de musiciens ayant tous joué au sein de grands groupes. En 2013, ils se lancent dans l’inconnu avec cette nouvelle formation. Enfin, quand je dis dans l’inconnu, c’est plutôt un euphémisme.
Il suffit de fermer les yeux et d’écouter RICK WARWICK au chant pour avoir l’impression d’entendre PHIL LYNOTT. La similitude est frappante et troublante. Sur leur premier disque le mimétisme fonctionne à fond, mais pour être honnête c’est un peu moins vrai maintenant. En effet, sur leur deuxième album, sorti cette année, ils se démarquent un peu de l’emprise THIN LIZZY pour voler vers des contrées nouvelles pour eux.
Ce soir, leur hard-rock bon enfant très classic-rock pioche dans le répertoire du groupe mais aussi chez son illustre parrain. Le son est excellent et permet d’admirer la virtuosité des musiciens ainsi que la complicité qui règne dans la bande de copains.
RICK épaule de temps en temps ses camarades en jouant lui aussi de la guitare. Il est posé et concentré sur son chant. Depuis son précédent groupe, THE ALMIGHTY, sa voix a évolué : elle est moins rocailleuse, plus mélodieuse. Il ne cherche pas à imiter PHIL LYNOTT, mais il s’en inspire fortement. Et l’exercice est plus que concluant ! En entendant par exemple, « The boys are back in town », des souvenirs me reviennent et me font repenser au concert de LIZZY en 82 au Palais d’Hiver de Lyon. Eh oui, c’est vrai que je ne suis pas tout jeune !!
DAMON JOHNSON, s’il n’a pas l’étoffe ni l’aura d’un JOHN SYKES à la guitare, est tout de même un musicien plein de talent. Sourire aux lèvres, il livre une prestation brillante et se montre un impeccable alter-ego à SCOTT GORHAM.
Bref, bonne prestation des BLACK STAR RIDERS qui reçoivent un très bon accueil d’un public qui n’hésite pas à entonner certains refrains.
L’entracte est toujours l’occasion de croiser des têtes connues et de prendre des nouvelles des groupes présents. C’est aussi le moment de s’hydrater et de reprendre des forces avant d’aller affronter les godfathers du heavy métal !
Dès les premières notes de « War pigs » de BLACK SABBATH, le public quitte le bar et reflue vers la scène, cachée par un énorme backdrop avec le logo du groupe écrit dessus. On peut se demander pourquoi ils débutent le concert avec cette intro, mais n’oublions pas que ROB HALFORD a joué l’intérimaire de luxe pour eux en 1992 et pour un concert de l’Ozzfest en 2004. Et puis, comme ses illustres copains, il est lui aussi né à Birmingham !
Et lorsque « Battle cry », la véritable intro retentit, tout le monde est dans les starting-blocks, prêt à recevoir sa dose de heavy métal !
Ce soir, le premier morceau joué est « Dragonaut », il est issu du dernier album en date « Redeemer of souls » sorti en 2014.
Le chant n’arrive pas tout de suite car ROB est resté dans les coulisses. Et c’est d’ailleurs de cet endroit qu’il commence à chanter pour ensuite faire son apparition sur scène. Il marche lentement en s’appuyant sur une canne. Je prends peur et je me demande si c’est un accessoire de scène ou s’il en a réellement besoin pour se déplacer… Crainte vite envolée car dès le deuxième morceau, ce chanteur mythique posera définitivement sa canne ! Ouf !!
Même inquiétude pour le chant. Sur les premières mesures, TROB HALFORD est très bas et plutôt rauque, mais là encore le bougre va nous prouver qu’à soixante quatre ans, il a encore des ressources et que ses poumons fonctionnent bien !
Les mauvais coucheurs nous diront que « c’était mieux avant, qu’il avait plus d’octaves à son actif, que sa voix était moins trafiquée et qu’il y avait moins de reverb’ que ce soir… ». Je répondrais qu’ils ont raison, mais dans la catégorie des chanteurs des 80’s, il assure encore grave !! Croyez-moi, il a encore de belles années devant lui et l’heure de la retraite n’a pas encore sonnée !
Comme d’habitude, la rythmique est sans faille. Fidèle à son habitude IAN HILL, le bassiste, reste toujours sagement dans son périmètre à headbanger en rythme. Perso, je ne l’ai jamais vu marcher. Et encore moins courir !
Pour cette tournée, il est accompagné par SCOTT TRAVIS à la batterie. Ce dernier ne se gêne pas pour faire tourner ses baguettes dès qu’il le peut ! L’assise du groupe est imparable et laisse le champ libre aux autres.
JUDAS PRIEST, c’est aussi un duo de guitaristes qui se rendent coups pour coups. GLENN TIPTON, après plus de quarante ans de tournées communes s’est retrouvé quasi orphelin après le départ de KK DOWNING en 2011. Ce dernier a été remplacé par le tout jeune RICHIE FAULKNER… qui pourrait être son fils ! Il leur a fallu apprendre à se connaître, créer une complicité pour arriver à une vraie osmose entre eux. En quatre ans, l’alchimie a eu le temps de se faire et c’est une formation bien huilée qui déroule un show sans failles ce soir.
Le virevoltant et souriant RICHIE nous gratifie d’un long solo sur « You’ve got another thing comin’ » comme preuve de son intégration et implication totale dans le groupe.
Côté visuel, entre chaque morceau, ROB sort se changer et revient avec une veste ou un manteau différent. Il a une garde-robe impressionnante ! On n’échappera pas non plus à sa traditionnelle arrivée pétaradante sur scène en Harley-Davidson.
Le décor est composé – comme souvent de nos jours – d’écrans où sont projetées des animations et les pochettes des albums d’où sont extraits les morceaux joués. Pour les néophytes, ça permet de suivre et pour les autres, de réviser la discographie du groupe. Et il y a de quoi faire !
Il ne faut pas oublier que c’est JUDAS PRIEST qui a généralisé le port du cuir et des perfectos dans le milieu métal des années 80. Ce look viril, toujours présent se ressent aussi dans la musique comme lors du puissant « Painkiller » qui a l’époque avait marqué les esprits.
Il faut attendre la seconde partie de la setlist pour voir arriver les classiques avec des morceaux que tout le monde attend et qui font monter la température dans la salle. Comment rester impassible sur « Breaking the law » ?!
JUDAS PRIEST termine en apothéose avec le morceau que j’attends depuis le début, un « Living after midnight » qui permet au public de chanter son amour au groupe une dernière fois.
Si c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, c’est avec les vieux groupes qu’on passe les meilleurs moments. Pas de doute, les vétérans du métal ont encore leur place au panthéon des légendes encore en activité !
Allez, c’est terminé et il ne me reste plus qu’à rentrer… Et à braver les intempéries sur la route parce qu’il fait quand même un temps de chien dehors !
Pour finir, un grand merci à Isabelle pour les photos.
J’ai une pensée particulièrement émue pour tous ceux qui ont perdu la vie vendredi dernier. Je vous dédie ce report, les amis.