Vendredi 06 octobre à Longvic (21)
Le Rising Fest est un événement majeur pour tout fan français de heavy metal underground. Les petits groupes de heavy, hard rock et thrash y ont leur chance, et c’est aussi l’occasion d’y voir des groupes qui ne passent que rarement en France. En plus, à titre personnel, la moitié des membres de l’association Phoenix Rising qui organise l’événement sont des potes. J’y vais assidûment à chaque édition depuis 2014… sauf pour la reprise post-Covid de 2022 pour cause de problèmes familiaux où, la mort dans l’âme, j’ai dû renoncer à venir à Dijon. Quatre ans s’étaient donc écoulés sans que je ne puisse venir à ce qui était un rendez-vous obligatoire, et ça commençait à bien me manquer !
Report : PIERRE@31 – Photos : ABIGAIL OSA SONIA
Hors de question, donc, de louper cette édition 2023 ! En plus, c’est une édition jubilée puisque c’est la dixième, et la cinquième à la salle Jean Bouhey de Longvic (salle très bien configurée et au son impeccable). Et pour la première fois, ça affiche complet, du moins sur une journée puisque le samedi est sold out. Les planètes étant bien alignées cette fois-ci, c’est parti pour un grand voyage metallique en Bourgogne !
La première journée est toujours la moins chargée, commençant un peu plus tard pour permettre aux metalleux dijonnais qui travaillent d’arriver. C’est en tout cas bien garni avec une majorité de groupes étrangers et deux têtes d’affiche 100% féminines. En tout cas, ça fait bien plaisir de remettre les pieds dans cette bonne salle Jean Bouhey. On y est super bien accueilli (a fortiori quand on connaît les trois quarts de l’orga !) et on ne se moque clairement pas des festivaliers question bouffe (les sandwiches au falafel sont au top !) et question boisson, c’est de la bière artisanale locale fournie par la brasserie des Trois Fontaines et Bélénium.
C’est un groupe de hard rock français qui vient de presque aussi loin que moi (voire plus) : les Bordelais de WILDFIRE ! Ce groupe existe depuis 2016, après avoir été quelque temps un cover band reprenant des classiques d’AC/DC, IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST, ZZ TOP ou MOTORHEAD. Puis ils ont commencé à voler de leurs propres ailes en faisant leurs propres compos. Un album est sorti en 2020 et quelques prestations scéniques énergiques leur ont fait acquérir une petite renommée et ils en sont donc maintenant à ouvrir cette dixième édition du Rising Fest.
Et ils vont le faire avec brio ! PAUL VERTRA, leur chanteur, est un frontman très communicatif et particulièrement motivé. Leur musique très pêchue est un mélange des influences des groupes que WILDFIRE reprenait à ses débuts, avec une prédominance du son d’AC/DC (mais pas que). Des titres comme “Hard’n’wild”, “Riff machine”, “Shaking the ground” et “One night rock’n’roll” sont éloquents et résument bien leur musique : hard, heavy et directe !
Le public n’est pas encore très nombreux en cette fin d’après-midi, tout le monde n’ayant pas terminé le boulot, mais les gens présents apprécient beaucoup. Je me ferai un plaisir de les revoir. Après tout, Bordeaux n’est pas loin de Toulouse, on peut espérer les voir descendre le long de la Garonne !
On change de style avec IRON KINGDOM, groupe culte de l’underground canadien. Originaire de la province de Colombie Britannique, ce groupe pratique un heavy metal épique de tradition avec une petite touche progressive. Ils existent depuis 2011 et ont déjà sorti cinq albums. Ils ont beaucoup tourné en Amérique du Nord mais leurs plus grands faits de gloire sont une apparition au légendaire festival du Keep It True et une tournée au Brésil en ouverture de BLAZE BAYLEY.
Après un hiatus lié en partie au Covid, les Canadiens font leur grand retour avec un album sorti en 2022 et donc cette apparition en terre bourguignonne qui marque, si je ne m’abuse, leur première apparition en France. Et c’est très bon !
Ca manque peut-être de refrains marquants mais CHRIS OSTERMAN, guitariste-chanteur au timbre suraigu a une super voix et la science du riff. Sa consœur MEGAN MERRICK rivalise de talent avec lui dans de bons duels de guitares qui parleront à tous les fans de MAIDEN. De plus, le groupe bénéficie d’un excellent son qui met bien en valeur la finesse de ses compos. Excellente prestation, donc !
La suite va bien dépoter avec l’un des meilleurs groupes du festival, et français s’il vous plaît : ANIMALIZE ! Ces Lyonnais sont des habitués des scènes dijonnaises puisqu’ils avaient déjà joué au Rising et donné des concerts dans de petites salles de la capitale de la Bourgogne. Pour ma part c’est la première fois que je les vois. J’ai bien flashé sur leur EP “Tapes from the Crypt” et leur album “Meat we’re made of”, qui sont des petites pépites de speed metal très énergique et fun en même temps, jouant beaucoup sur l’imagerie des années 80. Alternant le Français et l’Anglais, ça sonne aussi bien dans une langue que dans l’autre. Et je trouve même, alors que je ne suis pas trop client du chant francophone sur le heavy, que leurs titres les plus marquants sont chantés dans notre langue. Comment résister à un “Samouraï de l’univers” ou “Sous l’œil du charognard” ?
Par contre si ANIMALIZE titre son nom d’un titre de KISS (du moins on peut le supposer), leur point commun avec ces derniers vient plus de l’imagerie et des looks très glam que de la musique. Les Rhodaniens font en effet du speed metal très true musicalement, et ce côté true jusqu’à la pointe des clous est contrebalancé par un look glam et des paroles décalées. En tout cas le groupe y va à fond la caisse, avec une batterie et des riffs qui font des ravages et un frontman très charismatique, et toujours dans une bonne humeur extrêmement communicative.
Comment ne pas aimer un groupe qui a produit une telle prestation ? Vivement la prochaine fois !
Ca va un peu retomber avec les Allemands de IRON FATE. Ce n’est pas que je n’ai pas aimé, mais ANIMALIZE a mis la barre très haut et leurs successeurs ne dégagent pas la même énergie qu’eux. Ce n’est pas du tout la même atmosphère. C’est pro, c’est carré, ils sont contents d’être là mais c’est plus froid et moins fun que le groupe d’avant. C’est du bon heavy (d’inspiration plus US qu’allemande, d’ailleurs) avec une touche de thrash pas dégueu. Leur musique serait une sorte de rencontre entre METALLICA, JUDAS PRIEST et QUEENSRYCHE.
J’aime bien. C’est très bien joué et d’un bon niveau technique. De plus, les Teutons sont bien servis par un excellent son. Mais il manquait quand même quelque chose pour que j’accroche complètement. Une véritable identité musicale peut-être ?
On passe ensuite aux poids lourds de la soirée avec GIRLSCHOOL, qui devaient déjà être là en 2023 mais avaient été contraintes d’annuler peu avant l’événement. Ce qui fait mes affaires : en trente ans de vie metallique, c’est la première fois que je les vois. Sans connaître plus que ça, j’ai beaucoup de respect pour ce groupe et son parcours.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, GIRLSCHOOL est un groupe anglais entièrement féminin formé lors de la nouvelle vague de la scène heavy metal britannique en 1978. EIles sont souvent associées à MOTORHEAD et sont, si je ne m’abuse, le groupe de rock féminin le plus ancien, toujours actif après 45 ans. GIRLSCHOOL a obtenu une attention médiatique et un succès commercial significatifs, en particulier au Royaume-Uni au début des années 1980, avec des albums de belle qualité comme “Demolition” et “Hit and Run”. Cependant, les Anglaises n’ont jamais vraiment réalisé une véritable percée et n’ont jamais eu le même succès que nombre de leurs glorieux compatriotes masculins de l’époque. Par contre, elles n’ont jamais baissé les bras. Tout au long de leur longue carrière, elles ont parcouru le monde, se produisant dans de nombreux festivals et partageant souvent la scène avec des gros groupes. Elles entretiennent une fan base et servent d’inspiration à de nombreuses musiciennes de la scène, au même titre qu’une DORO ou une LITA FORD.
Malgré de fréquents changements de line up, les membres originaux, KIM McAULIFFE et DENISE DUFORT sont toujours restés fidèles à la barre, assistées de JACKIE CHAMBERS à la guitare et de la bassiste TRACIE LAMB, qui a fait partie du groupe à deux reprises auparavant. En juillet 2023, le groupe a sorti son quatorzième album (ce qui ne fait finalement qu’un album tous les quatre ans en moyenne), le fort justement nommé “WTFortyfive” qui tient tout à fait la route. Bref, pour tout ce parcours, cette persévérance et cette abnégation, il n’y a qu’un mot : respect !
Ce qui est à noter est surtout le plaisir et l’énergie dégagées par ces filles qui arrivent en fin de soixantaine, voir plus. Elles sont ultra carrées et affichent en permanence le sourire. Côté chansons, l’accent est fortement mis sur “Demolition” et “Hit and Run”, leurs albums qui ont eu le plus de succès. On ne peut pas le leur reprocher, des morceaux comme “Hit and run”, “Take it all away” ou “Nothing to lose” sont des hits imparables. Après, leur dernier album en date est bien sympa et un ou deux nouveaux titres n’auraient donc pas été déconnants. A signaler aussi une excellente reprise de “Bomber” de MOTORHEAD, bel hommage à leur pote LEMMY.
Bref, les vétéranes (je ne sais pas s’il existe un féminin pour vétéran, mais bon…) anglaises ont assuré leur rang et montré qu’elles en avaient encore sous la pédale. Et pour ça, respect !
Du respect, j’en aurai beaucoup moins pour l’autre tête d’affiche 100% féminine, à savoir les Suissesses de BURNING WITCHES.
Je ne vais pas m’attarder sur ce que j’ai entendu ou constaté de visu sur leur comportement backstage vis-à-vis des autres groupes de la journée ou de l’orga, parce que je n’ai ni envie ni vocation à diffuser ou amplifier des ragots sur internet. Mais pour résumer, elles ont eu une attitude de divas que leur statut ne justifie pas. Et quand bien même ce serait un grand groupe, 95% des artistes qui ont une certaine renommée gardent quand même les pieds sur terre et demeurent simples et abordables…
Au-delà de leur attitude hors de la scène, je ne suis pas fan de leur musique. Cela a pourtant tout pour me plaire, à la base. C’est du bon heavy metal de tradition allemande (elles sont suisses alémaniques, ce n’est certes pas l’Allemagne mais la culture germanique est de mise !), avec des riffs énormes et un côté assez dark (influence de MERCYFUL FATE notamment). Elles ont été drivées au début de leur carrière par MARCEL SCHIRMER alias SCHMIER de DESTRUCTION. Les contacts de ce dernier leur ont ouvert les portes de Nuclear Blast puis Napalm Records, ainsi que des tournées en tête d’affiche et deux albums classés dans les charts allemands.
Et elles se retrouvent donc en tête d’affiche de ce Rising Fest ! Mais pour autant, je ne suis jamais parvenu à accrocher à leur musique. C’est bien fait, la chanteuse a de la voix, les musiciennes maîtrisent toutes leurs instruments mais il manque un truc pour que j’aime. Je trouve que ça manque de finesse alors que les morceaux sont quand même assez longs, dépassant les cinq minutes en moyenne. En comparaison, un groupe comme Primal Fear est raffiné et nuancé (et j’en profite pour dire que “Code Red”, le dernier album de Primal Fear, est excellent) ! En fait, c’est comme un apfelstrudel avec trop de sucre et de beurre : tous les ingrédients sont bons mais c’est indigeste.
Ca, c’est mon avis sur le groupe sur album. Quid de leurs performances scéniques ? Je n’y avais jamais assisté jusque là. Quand elles étaient au Wacken, j’avais autre chose à voir et quand elles sont passées à Toulouse à l’Usine à Musique, juste à côté de chez moi, j’avais une bonne série ou un match de foot à regarder ! C’est donc la première fois que je les vois à Dijon. En toute honnêteté, elles font le job. Laura Guldeman, leur chanteuse néerlandaise, est une excellente frontwoman avec une voix terrible. Elle chante sans fausse note et a une bonne présence scénique. Elle joue bien aussi son rôle de sorcière.
Le all girls’ band bénéficie en prime d’un très beau décor de scène en mode château hanté à la KING DIAMOND. Elles ont aussi un son et un light show à la hauteur. Même si je ne suis pas vraiment fan des compos, j’arrive quand même à bien rentrer dans le concert. Après, je trouve quand même que les morceaux sont un peu trop longs et linéaires et qu’avec un temps de jeu de tête d’affiche, ça s’étire un peu trop sur la durée et l’attention décroît. Mais je suis resté jusqu’au bout sans me forcer.
BURNING WITCHES ne sera certes jamais mon groupe préféré. Mais elles ont quand même bien fait le job et assuré leur statut de tête d’affiche. C’est d’ailleurs l’un des groupes devant lesquels il y a eu le plus de monde de tout le festival.
Ainsi se termine cette première soirée du dixième Rising Fest, globalement très réussie. Tous les groupes ont fait de bonnes prestations, les conditions techniques sont au top et l’ambiance comme toujours géniale.
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