Vendredi 17 novembre 2023 à Lyon (69)
Report et Photos by SEB 747
Quand j’apprends en lisant les pages « Agenda Concerts » d’un certain webzine qu’une date de l’un de mes groupes industriels allemands préférés tombe dans la région et que le groupe va jouer au Marché Gare de l’ancienne capitale des Gaules, je me rue dessus. En effet, les pionniers de la Neue Deutsche Härte, OOMPH!, qui sillonnent les scènes européennes depuis plus de trente ans, sont en pleine tournée française. Tiens, ça fait un petit moment que je n’ai pas fait de concerts sur Lyon, moi !
Alors que, depuis plus de deux semaines d’affilée, le temps est apocalyptique, celui-ci a décidé de se calmer et c’est sous un soleil radieux que je prends la route. Ce n’est pas pour me déplaire, loin de là, parce qu’un peu plus d’une heure et demie de route – sans compter le retour – sous une pluie diluvienne, ce n’est pas vraiment un top. Mon photographe attitré qui m’accompagne régulièrement, n’étant pas trop fan du genre pratiqué par nos camarades Allemands, c’est avec ma femme que je fais le chemin. Elle qui n’aime pas l’Allemand a quand même décidé de venir avec moi pour assister à ce concert. Et là, une question me taraude : est-ce qu’elle a bien fait ? Si je l’emmène et que ça ne lui plaît pas, je ne suis pas dans la mouise, si vous voyez ce que je veux dire. Mdr.
N’ayant pas envie de mettre plus de temps que prévu avec les traditionnels bouchons lyonnais, je pars relativement de bonne heure… mais c’est surtout pour pouvoir me garer plus facilement. La route ne se passe pas trop mal, même si certains abrutis ne savent pas qu’une voiture a des clignotants et qu’il faut les utiliser quand on double… surtout si c’est un camion ! Enfin bref.
Une fois arrivé sur place, je tourne un peu puis trouve une place dans une rue qui porte mon nom. Si ce n’est pas un signe, ça !!!! Nous attendons un petit moment devant le Marché Gare dans la fraicheur lyonnaise et je constate d’ores et déjà qu’il y a beaucoup de monde devant l’entrée. La soirée est complète. C’est cool. En revanche, pour prendre des photos, ça risque d’être galère étant donné le monde.
Moi qui ne suis pas venu depuis un bout de temps dans le coin, je découvre aussi le travail qui a été fait sur la reconstruction du Marché Gare. Exit le côté « craignos » d’antan et bienvenue dans un monde nouveau, tout beau. Il faut dire que mon dernier concert dans cet endroit remonte à une éternité et qu’à une certaine époque le quartier était un peu chaud. Passé ce petit détail, il est venu le temps… des cathédrales ? Mais non, de parler musique, voyons !!!
OOMPH!, constitué de CRAP (RENE BACHMANN) et FLUX (THOMAS DOPPNER), vient nous présenter leur quatorzième album « Richter und Henker » et aussi leur tout nouveau chanteur, DANIEL « DER » SCHULZ qui les a récemment rejoints en remplacement de DERO, l’ancien fondateur du groupe parti fin 2021. Ils sont accompagnés par BÖSE FUCHS, un autre groupe germanique.
A peine le temps de rentrer tout le monde dans la salle, que déjà les lumières s’abaissent. Il est temps pour la première partie de commencer. Composé de trois filles et d’un gars (bonjour la parité, lol), le groupe fait dans de l’industriel avec une petite partie gothique légèrement death qu’ils appellent Digital Metal. BÖSE FUCHS c’est surtout le nom de scène de VALERIA ERETH, clavier, guitare et chant, la leader de la bande. Elle est accompagnée par KATE KHAIAURI au chant, de RAJA MEISSNER à la batterie, et de MAX NASH derrière la guitare.
Dès le premier titre, le ton est donné, ça sera baston à tous les étages. Heu… il n’y aurait pas quelqu’un qui aurait oublié les lumières par hasard ? Je sais bien que c’est la première partie, mais quand même ! La place allouée au groupe est un peu juste avec les trois piétements de devant et la place des instruments de OOMPH! mais ce n’est pas ce qui retient le groupe pour donner tout ce qu’il peut pour faire monter l’ambiance.
KATE, en chanteuse principale, prend le devant de la scène avec sa voix particulière. Elle danse régulièrement alors que les autres musiciens agitent la tête. Le groupe se fait plaisir sur les planches et bouge beaucoup. VALERIA et KATE se complètent en voix claires, pendant que MAX et son Looper, font les voix arrachées, rejoint régulièrement par VALERIA. Personnellement, j’aime bien… même si certains morceaux, notamment quand il y a trop de growls, m’irritent un peu le poil. Heureusement que la voix de KATE vient contraster les hurlements de MAX et VALERIA. Même si cette dernière est capable de jolies voix claires.
Musicalement leur Digital Metal passe bien la scène, même si par moments le son part en vrille et je n’ose même plus parler des lumières. Mais bon, passons.
RAJA est vraiment impressionnante derrière ses fûts, tenant la cadence sans broncher. Le public applaudit avec ferveur entre les chansons, souvent encouragé par la chanteuse principale, mais aussi par MAX et VALERIA qui n’hésitent pas à échanger quelques mots avec tous les fans. D’ailleurs, c’est cette dernière qui nous explique que la veille ils étaient à Paris et que le public était bien, mais que ce soir il est encore meilleur. Évidemment, le groupe reçoit les acclamations du public !
C’est à la vitesse de l’éclair que passent les morceaux de BÖSE FUCHS et c’est déjà le dernier morceau. Alors que depuis le début, VALERIA laisse régulièrement son clavier pour chanter avec KATE, en voix claire ou en scream, la voilà qui récupère la guitare de MAX, le laissant seul au chant. Sur ce dernier titre, le guitariste présente les membres du groupe et se lâche sur le chant, tout en growls. Étonnante fin qui me surprend par rapport aux autres morceaux mais qui semble satisfaire un partie de l’assemblée.
Juste après, les musiciens remercient leurs fans et l’organisateur, nous font la désormais classique petite photo de fin et laissent la place au groupe vedette de ce soir sous les ovations du public.
En attendant OOMPH!, nous découvrons le joli et monumental backdrop à tête de mouton tiré de la pochette du dernier album en date : « Richter und Hecker ». A peine avons-nous le temps d’admirer le dessin, que déjà les lumières s’éteignent. Il est 21h22 précises (désolé, j’ai oublié les secondes, Lol) et une intro démarre. Les deux roadies, de chaque côté de la scène, accordent les guitares et se préparent pour l’arrivée des deux principaux pères fondateurs de OOMPH!.
C’est d’abord SILVESTRI (MICHAEL MERKERT) le batteur, suivi de HAGEN GODICKE, le bassiste qui salue au passage la foule en levant les bras puis FELIX, le claviériste, qui investissent la scène. Ce sont les musiciens live qui accompagnent depuis quelques années le groupe (21 ans pour le bassiste). Puis, sous les hourras du public, ce sont les trois vedettes de ce soir, manteau de fourrure sur le dos, qui s’installent sur scène alors que l’intro de « Ein Klein bisschen Glück » prend fin.
FLUX et CRAP prennent leur guitares, tandis que DER SCHULZ, tapote le micro. « Good evening Lyon », annonce t’il avant d’attaquer « Soll das Liebe sein? », le premier titre. Ce soir, le morceau met tout de suite le feu dans le Marché Gare. Nos copains allemands sont venus pour déboucher les bouchons lyonnais (celle-là, elle est faite. lol) et ça s’entend ! « Merci », nous dit DER SCHULZ dans un français au fort accent allemand. En véritable frontman, il fait le show, s’adressant dans un Anglais quasi parfait et s’essayant même au Français par moments. Le sourire ne quitte pas le visage du chanteur qui semble très à l’aise ce soir.
Dans la salle du Marché Gare, il fait une chaleur étouffante. C’est sûrement pour ça que les trois vedettes enlèvent leurs manteaux dès le second morceau, « Träumst du », laissant apparaître un costume seyant qu’ils garderont tout le long du set.
Fort de leurs quatorze albums depuis 1992, le duo que forment CRAP et FLUX – rejoint par DER SCHULZ cette année – semble plus en forme que jamais. Ils enchaînent les tubes comme on enchaîne les perles.
Le nouveau chanteur est vraiment à l’aise avec toutes les périodes du groupe. Que ce soit avec les titres de l’album de 2004 « Wahrheit Oder pflicht » qui a vu la notoriété de OOMPH! décoller en flèche ou avec ceux du premier, qui date d’il y a 31 ans tout de même, il s’est approprié les morceaux. Il leur donne donne une couleur très proche de celle de l’ancien chanteur (pour ne pas déstabiliser les fans ?), mais avec une légère intensité qui fait toute la différence.
Enchaînant les morceaux de quasiment toute la discographie de OOMPH! – les albums les plus marquants – le trio tape fort. Les titres dépassent régulièrement les 110 db. « Richter und Henker », « Labyrinth », « Bis der Spiegel zerbricht »… Ces sont littéralement des mandales que nous prenons en pleine figure. Heureusement, de temps en temps, nous avons droit à des accalmies, notamment avec « Mein Herz », la première balade de la soirée tirée du tout premier album, qui voit notre ami FLUX s’installer derrière un petit clavier et s’éclater en secouant la tête de droite à gauche, pendant que CRAP, de son côté, entame une petite danse et que DER SCHULZ fait chavirer le public. Quel morceau !
« That’s wunderbar », lance un spectateur. Cela fait sourire le chanteur qui remercie chaleureusement le public. Et nous voilà repartis dans une cavalcade de hits qui vous rentrent dans le cerveau pour ne plus en sortir. « Nur ein Mensch » précède « Sandman » et ses 150 décibels. Mais quelle baffe nous prenons ce soir !!
Même s’ils restent en retrait, les musiciens live sont aussi à fond derrière les trois vedettes de ce soir qui ne s’accaparent pas tout le temps la lumière. « Nichts wird mehr Gut », un nouveau morceau issu de leur dernier LP détruit tout sur son passage. Il est suivi par « Gekreuzigt » de 1998 qui continue son travail de sape. C’est dingue ce concert est tout simplement phénoménal.
Après un « Jede Reise hat ein Ende », tiré de « XXV », voilà que tous les musiciens disparaissent, abandonnant DER SCHULZ. « This is a special time for me », nous dit le chanteur seul sur scène accompagné de sa guitare avant d’entamer « Brenden Liebe », un titre de l’album de la consécration. Dès les premières notes, il demande l’aide du public afin qu’ils utilisent les lumières des téléphones. L’effet, dans une salle blindée, est vraiment superbe. En plus, des lumières violettes tournant sur elles-mêmes se découvrent derrière le chanteur. Ca rajoute encore plus de valeur à la superbe interprétation du musicien.
Avec « Wem die Stunde schlägt », un nouveau titre de « Richter und Henker » qui vient à peine d’être en bacs, on se dit que l’accent est mis sur ce dernier mais en fait pas tant que ça. Sur les vingt et un titres joués ce soir, seulement cinq sont interprétés. Il faut aussi expliquer, pour ceux qui ne connaissent pas bien nos copains Teutons, qu’ils existent depuis 35 ans maintenant et que leur discographie comporte 14 albums. Créer une setlist digne de ce nom, qui satisfasse les nouveaux comme les anciens fans tient de la gageure, et c’est ce qu’a réussi le groupe ce soir.
Les roadies sont hyper sollicités, ils essuient la sueur sur les guitares et sur les visages, donnent de l’eau aux musiciens voire de la bière pour CRAP. Leur boulot est énorme.
Après le titanesque morceau « Gott ist ein popstar » qui déclenche les pogos, DER SCHULZ demande au public, toujours en anglais, de faire du bruit. Il s’interrompt et reprend dans la langue de Molière « en France. Euh… En Français ! », se corrige-t-il en faisant rire la foule. « Is it good ? », redemande t-il. C’est évidemment une grande approbation du public.
Et on continue avec « Schrei nur Schrei », un nouveau morceau de « Richter und Henker » qui fait vibrer la foule. Dès la fin du titre, DER SCHULZ serre les mains des spectateurs et disparaît pendant un court moment. Il réapparaît quelques minutes plus tard pour interpréter « Der neue Gott ». Il est suivi par « Kleinstadtboy », « Das weisse Licht » et « Mitten ins Herz » qui voit notre copain DER SCHULZ faire du crowd surfing tout en continuant de chanter.
Après nous avoir demandé une nouvelle fois si nous passions une bonne soirée, le chanteur continue « We Have one more song for you. This is Augen auf ! ». C’est de la folie au milieu du public, il devient impossible de le retenir tellement il s’enflamme. Heureusement pour moi, je suis bloqué sur un côté de la scène, et ce n’est pas plus mal.
A la fin du titre, le groupe salue le public et s’en va. Il revient sous les acclamations soutenues du public qui ne veut pas les laisser partir. « We’ve got one more song for you », nous dit DER SCHULZ toujours aussi souriant. « Alles aus Liebe » continue de mettre le feu et de faire suer les musiciens qui sont carrément trempés de sueur. La chaleur qui règne dans le Marché Gare devient insoutenable.
« Jump all together !! », nous dit le chanteur avant d’attaquer le dernier morceau de la soirée « Niemand ». Heu… comment dire… Ce n’est pas forcément une bonne idée. Lol. Évidemment, le public ne se fait pas prier pour sauter de partout. Ce morceau fédérateur fait rugir de plaisir les spectateurs. Que voulez vous, c’est ça la « Deutsche Qualitat ». Le chanteur re-serre les mains du public, CRAP et FLUX saluent de la main, ainsi que les musiciens live et c’est la fin.
Tous les spectateurs semblent heureux du set de nos copains Allemands. Et ma femme me diriez-vous ? Eh bien, elle a adoré ! Ouf, je suis sauvé. lol. Le stand de merch’ est vite dévalisé et la route pour repartir n’est pas courte. Il est donc l’heure pour nous de retourner dans « notre » rue où nous avons garé la voiture et de rentrer à la maison tout en réécoutant le dernier album de OOMPH!, natürlich !
Un grand merci à Sounds Like Hell pour cette magnifique soirée !