Report de Steve *74
Tout le monde le sait, nous vivons à l’heure de la mondialisation où nos entreprises délocalisent à l’étranger pour le plus grand plaisir des asiatiques. Et bien maintenant, ce principe s’applique aussi à la musique. Si tu ne peux pas aller au Wacken le célèbre festival allemand, et bien il viendra à toi ! Il se délocalise lui-aussi à travers l’Europe pour une tournée de dix-sept dates dont une à Chambéry pour le Wacken Road Show.
Direction le Scarabée, c’est le nom de la salle – ça ne se rate pas ! Je ne connais cet endroit que de nom car je n’ai encore jamais mis les pieds là-bas. Grave erreur, car elle grande, bien aménagée avec une scène où les groupes peuvent bouger, amener des décors et du matos, mettre des backdrops… Dehors, on peut se garer facilement. En somme tout pour plaire ! Dommage que la programmation de cette salle soit si frileuse avec notre musique…
Pour débuter cette soirée marathon, les allemands de GRAILKNIGHTS. Et là, attention les yeux ! J’ai bien dis les yeux, car tout est dans le visuel, la musique venant bien après. Ils sont déguisés façon super-héros, avec de grandes capes, des visages peinturlurés de différentes couleurs suivants les héros (euh, les musiciens !). Imaginez Superman, Spiderman, Batman sur scène et jouant de la musique. Et bien GRAILKNIGHTS l’a fait en parodiant ces héros !
Le spectacle est permanent. Le chanteur prend des poses en écartant les bras ce qui fait un effet bœuf avec sa cape. Ils s’accroupissent en demandant au public de les imiter. Ca fait drôle de voir les premiers rangs du public comme ça ! Ceux de derrière apprécient la manoeuvre et sont tout contents car tout d’un coup, ils ont une vue dégagée de la scène !
Le délire continue avec l’arrivée d’un faux cheval, comme dans les cirques avec les clowns. Après s’être promené sur scène entre les musiciens, le faux cheval offrira un tonneau de cinq litres de bière à un heureux spectateur.
Et la musique me direz-vous ? Et bien, ils sont loin du death mélodique dans lequel ils sont catalogués. Pour le mélodique, je suis d’accord mais pour le death, je suis plus que sceptique. Du death comme ça, je suis prêt à en écouter tous les soirs, moi !
Non, GRAILKNIGHTS évolue plutôt dans un registre lorgnant vers le heavy mélodique avec des passages assez cool, des lignes de chant claires et accessibles à tous. Au détour d’un morceau, j’entends même un riff de JUDAS PRIEST, c’est dire ! Et puis un chanteur qui prend son accordéon, ce n’est pas très death, non ?!!
MAC DEATH, le chanteur s’exprime en français entre les morceaux. Bravo à lui, car j’apprends par JO de NIGHTMARE qu’il a spécialement appris certaines phrases pour se faire comprendre d’un public qui reste très francophone et assez peu anglophone, il faut le dire.
« Moonlit Masquerade » clôture ce show à la Marvel.
Alors, peut-être que GRAILKNIGHTS n’est pas le groupe de l’année mais ils ont une présence scénique improbable qui a captivé – ou interloqué – le public.
Après cette entrée en matière prometteuse, place à un autre groupe allemand : JADED HEART.
Il faut noter que l’intermède entre les groupes sera tout au long de la soirée court. Une batterie commune, des têtes d’amplis entassés les unes sur les autres, tout est pensé pour gagner du temps.
Mais revenons à JADED HEART. Dès le premier morceau, la messe est dite. Je suis en transe (napolitaine bien-sûr). Le son est excellent. Leur hard-rock mélodique me donne envie de monter aux rideaux (s’il y en avaient !). Le tatoué suédois JOHAN FAHLBERG assure un chant sans faille avec une voix puissante et de temps en temps plus rauque. Il est fait pour la scène, cet homme !
Malgré des changements de line-up assez importants, MICHAEL MULLER (le bassiste) restant le seul membre fondateur du combo, le groupe est hyper homogène. La machine allemande est lancée à pleine vitesse et plus rien ne pourra l’arrêter, à part malheureusement le timing de la soirée trop restrictif pour moi.
Dans ce style musical battu et rebattu par plein de formations, l’originalité n’est forcement de mise, mais les morceaux ont une âme. Ils évitent les pièges tendus et c’est joué avec une telle maestria !
Bon, vous l’avez compris, c’est LE groupe de la soirée. Ils ne viennent pas souvent nous voir alors la prochaine fois, ne les ratez sous aucun prétexte.
Le groupe suivant dans l’ordre de passage de ce soir est le régional de l’étape, j’ai nommé NIGHTMARE. Tout d’un coup les abords de la scène deviennent inaccessibles, les bras se tendent, le public crie. Je devine que la moitié de la salle a parcouru les cinquante kilomètres depuis Grenoble pour supporter leur groupe fétiche.
Pourtant ça commence mal. On n’entend presque rien durant tout le premier morceau. Le son est fouillis, le chant ressort avec un drôle d’effet et il y a trop de batterie. Heureusement, le sonorisateur qui a du finir par enlever ses boules Quies remet vite les choses en place.. A part pour MATT HASSELERGHS le guitariste dont les solos resteront inaudibles pendant tout le concert.
Musicalement, nous sommes loin du hard-rock mélodique de leurs débuts dans les années 80. Les guitaristes ont durci le tempo et les riffs. Les compos sont plus sombres, plus compliquées. Maintenant, le groupe flirte avec le power métal mais garde avec un chant typé année 80, une originalité qui est sa marque de fabrique.
JO AMORE le chanteur, fait participer ce public tout acquis à sa cause en échangeant avec lui entre les morceaux. Il remarque dans la foule JC JESS, un des anciens guitaristes du groupe et lui tend le micro pour chanter un bout de refrain.YVES CAMPION le bassiste, viendra lui-aussi lui dire bonjour. Ce même YVES nous fera un petit jeu de mot bien à lui en parlant de la date d’Oberhausen qui, si vous le dites vite, peut se dire Robert Hossein ! Bref, une bonne ambiance règne.
Devant un public conquis d’avance, le groupe joue sur du velours et déroule un set hyper efficace. Pour conclure ce show et rappeler les origines du groupe, « Holy diver » de DIO termine en beauté cette prestation.
Place au groupe vedette de la soirée, les allemands de LACRIMAS PROFUNDERE. Tous les fans de NIGHTMARE ayant quittés la salle, je peux revenir tranquillement vers le devant de la scène.
D’entrée, le nouvel album « Antiadore » est mis en avant avec les deux premiers morceaux du set « Dead to me » suivi de « Remembrance song ». Une couleur musicale s’installe, une ambiance se crée pour un rock gothique mélancolique.
Evoluant à leurs débuts dans la mouvance doom/gothique, LACRIMAS PROFUNDERE se dirige, en 2004 avec l’album « Ave end », vers un rock gothique plus calme, plus apaisé, moins torturé et souvent comparé à HIM.
Nous sommes loin de la joie et des couleurs de GRAILKNIGHTS. Ici tout le monde est habillé en noir, l’ambiance est plus sombre, plus lancinante, plus dépressive.
Le timbre de voix du chanteur ROB VITACCA est grave et profond mais sait se montrer plus clair quand l’occasion se présente.
Pour pallier l’absence de clavier sur scène, c’est comme souvent le batteur qui envoie le séquenceur. Parties vitales pour eux et servant à créer l’atmosphère générale en live.
Un certain nombre de chroniqueurs de tous poils regrettent la musique distillée durant les premiers albums du groupe, la facilité des nouvelles compos et le peu d’originalité qu’elles dégagent. Et bien, pour rester poli, tant pis pour tous ces détracteurs. Moi, j’ai bien aimé ces morceaux ! Ils sont finalement faciles à écouter et surtout, ils ne sont pas gavants.
En revanche, le public n’adhère que moyennement à cette prestation. Ils veulent de l’adrénaline.
Le taux de testostérone va vite remonter avec SLEEKSTAIN, le dernier groupe à l’affiche de ce soir. Ami lecteur, si tu as lu les reports de ce webzine tu connais déjà ces jeunes français. Devant un parterre de jeunes filles déchaînées, les hauts-savoyards déroulent, dans un registre hard rock/sleaze, un show maîtrisé de bout en bout.
Les tournées européennes avec CRASHDIET et STEEL PANTHER ont aguerri les musiciens. Ils ont gagné de la maturité et de l’expérience. En un mot comme en cent, le travail paye !
« My friend Jack », « Shoot », les morceaux s’enchaînent sans temps mort. Petite cerise sur le gâteau, ils interprètent ce soir un inédit, « Disgust » qui figurera sur le prochain album.
Après la traditionnelle reprise de JERRY LEE LEWIS « Great balls of fire », ils nous assènent un « Hard rain » de derrière les fagots.
Déjà plus de trois heures de musique mais pas de compassion ni de pitié pour nos oreilles. Ils achèvent le public avec un « Whole lotta Rosie » d’ AC/DC joué tambour battant.
SLEEKSTAIN est vraiment un groupe en pleine ascension. Ils marchent sur les traces de BLACKRAIN. A suivre.
En ce qui concerne le Wacken Road Show, cette idée de tournée est à creuser. A ré-éditer même ! Eh oui, tout le monde ne peut pas s’offrir le Wacken ou le Hellfest… Merci aux organisateurs d’avoir pris le risque d’organiser ce concert.
Long live Rock ‘n’ Roll !!!!