Report by SEB 747
La veille au soir, je reçois un SMS de Steve*74 qui me dit textuellement :
« Tu sais que demain, nous devons aller à l’Usine pour faire un report sur MAD SIN ? »
« Euh… Ah bon ? J’étais vaguement au courant. »
« Oui, il y a trois groupes, dont les WASHINGTON DEAD CATS »
« Quoi ? Les WDC ? Les mêmes qu’on avait vus à Cluses il y a quelques années ? »
« Oui »
« OK ! Alors si c’est pour représenter W.T.R., allons-y !»
Ce soir, c’est Post Tenebras Rock qui, comme souvent à l’Usine, organise ce concert. Sous un ciel grincheux, nous partons en direction de Genève. Bon, pour se garer, c’est toujours la croix et la bannière. Si tu ne veux pas faire des kilomètres à pieds, il vaut mieux arriver tôt. Et du coup, partis plus qu’en avance, une place nous attend. Que dire de plus ?
Comme le concert est annoncé pour 20h et qu’il est encore tôt, nous arrivons devant des portes closes. Donc, nous décidons de faire un tour à pied sous un vent qui, lui, ne l‘entend pas trop de cette oreille. Alors, nous faisons un petit tour dans la chaleur du bar d’Urgence Disk Records, juste à côté, où les CD et Vinyls d’occasions pullulent à foison.
Bon, il est l’heure de rentrer. Lorsque ls portes s’ouvrent, l’heure annoncée est largement dépassée… bizarre pour des suisses !!! Après la fouille de rigueur, nous rentrons enfin dans l’Usine. Une première constatation, ce sera dans une configuration réduite que se déroulera le concert. Comme souvent à l’Usine, les lumières ne sont pas très vives et pour faire des photos, ça se complique, mais qu’à cela ne tienne, on va faire ce qu’on peut !
C’est à FRED RASPAIL d’ouvrir le bal. Ce one man band écume les clubs à travers toute l’Europe et même plus loin. Ce Berlinois d’adoption joue une sorte de folk thrash blues, mais tout seul. Une grosse caisse et une caisse claire devant lui, assis sur un tabouret, guitare sur les genoux, et c’est parti ! Pas chiant pour un sou, contrairement à ce que l‘on aurait pu penser ! Le public se laisse prendre au jeu. D’abord timides – il y a une place énorme entre la scène et les premiers rangs – les spectateurs se laissent emmener par ces incessantes ritournelles hantées par des esprits de pin-up possédées et investissent rapidement le devant de la scène.
Ce type sait faire renaître un orchestre fantôme à lui tout seul. Il est seul sur scène mais, si vous fermez les yeux, vous verrez un groupe apparaître. C’est cool ! Les morceaux s’enchaînent devant un public, qui s’amuse et bouge en cadence. On passe un agréable moment. C’est un peu le calme avant la tempête.
La fin de son set se déroule sous les applaudissements des spectateurs conquis par une prestation fort sympathique. Mon pote Steve*74 me balance en rigolant que « De Raspail, il ne connaissait que la station de métro à Paris et le boulevard du même nom, et que maintenant il connaîtra le chanteur ! » On apprend vraiment à tout âge !!
Alors qu’on s’attendait à voir débouler les parisiens de WASHINGTON DEAD CATS, ce sont à notre plus grand étonnement les MAD SIN qui investissent la scène. Tiens, ils n’ont pas de chanteur ? Bizarre, il me semblait qu’il y en avait un. C’est St VALLE le contrebassiste qui officie au chant avec le batteur. Très insolite comme configuration. Encore plus space, je ne reconnais pas le deuxième gratteux, ni le batteur. Mais c’est KOETFE DEVILLE ! D’habitude il est au-devant de la scène, pas derrière !
Après deux titres qui permettent à l’Usine de s’échauffer, KOETFE vient nous parler. Une feuille dans les mains, il essaie de s’exprimer en français. « Bonsoir ! Ça va ? Vous allez bien ? Well, vous zavéye pas MAD SIN complite ce soir. I’m not the drummer. And his not the deuzzième ? Guitare ! » nous dit-il. « The guitarist, disparou ? disp heure hue ? DISAPPEAR ! and the drummer, la batterie, his sick !! »
Il nous explique que son batteur a eu des soucis familiaux et a dû rentrer chez lui… et qu’ils ne savent même pas où est passé MANNY ANZALDO, leur second guitariste. Mais, malgré leurs déboires, ils ont quand même tenu à faire le déplacement. Trop la classe ces gars !
30 ans que le groupe existe. Ici, nous n’avons pas affaire à des débutants. Formé en 1987 dans un quartier de Berlin Ouest, près du mur, les MAD SIN jouent un psychobilly qui déboîte sa grand-mère en short devant le Prisu ! D’ailleurs, passé la surprise des deux premiers titres et des explications de KOETFE, le public se met en feu. St VALLE, trop content de co-détenir le micro s’éclate comme un fou. Cela se lit sur son visage radieux.
Que ce soit RAMON MIGHTY ou ANDY KADILL (le remplaçant au pied levé de MANNY) les gratteux font bouillir l’Usine de tous les côtés. Ou les coups de butor et non de butoir de KOETFE, qui reprend là un rôle qu’il avait délaissé en 1996 pour se concentrer sur le chant. La frappe est aussi lourde que le personnage. Je ne sais pas comment la batterie a pu résister à son jeu. Je suis conquis.
Il devient vite compliqué pour nous de rester devant. Les télescopages des spectateurs présents ce soir empêche toutes tentatives de se tenir face à la scène, sans se retrouver écrasé comme une crêpe. Du coup, on préfère s’installer un peu plus en retrait sur le côté. C’est plus « safe ».
Et dire que l’on qualifie MAD SIN de « rockabilly sous speed, qui rencontre du hardcore keupon métallique et satanique » ou de « Lemmy qui joue avec un Elvis des 50’s sous Viagra ». Je ne peux qu’être en accord avec ça ! Ce n’est pas ma came, mais c’est tellement bien fait. Le bonheur de jouer leur musique se lit en plus sur leur visage, et ça fait plaisir à voir.
« I Shot the Sheriff », ou « Last Gang Standing » sont des titres qui me sont restés en tête, tout comme « Outta my head » ou bien encore « Speak no evil ».
La prestation est de courte durée et il est déjà temps de finir. Ben, où diable est-il passé notre ami St VALLE ? Il est fou ? Il descend dans le public pour jouer contrebasse derrière la tête ! Les spectateurs n’en perdent pas une miette. Un cercle c’est formé autour de lui. Et le voilà qui allume sa contrebasse et enflamme un fumigène attaché sur la tête de son instrument. C’est excellent !
Les MAD SIN ont fait le show qu’il fallait, malgré les soucis rencontrés. Il y a d’ailleurs une certaine similitude avec un certain ADAM BOMB : la contrebasse entourée d’une lumière, la pyrotechnie et les problèmes avec les musiciens. Si ce n’est pas copié, ça !! lol.
Ce n’est pas tout mais il va falloir faire de la place pour les WASHINGTON DEAD CATS. Je ne sais pas comment ils vont bien pouvoir faire pour séduire le public, vue la manière dont les MAD SIN ont enflammé l’Usine…
Les WASHINGTON DEAD CATS sont issus, comme ils le disent si bien, des bas-fonds parisiens, et non de Washington, comme leur nom aurait pu vous le faire penser. Ils jouent ce qu’ils ont appelé du psychobilly. Pour définir le style, c’est aussi simple qu’une recette de grand-mère. Vous prenez un soupçon de punk, une louchée de garage 60’s et un soupçon de swing. Vous mixez le tout avec du mambo, mélangé à du rocksteady et, surtout, saupoudrez le tout de surf rock et de bonne humeur. Vous obtenez WASHINGTON DEAD CATS. Mais, arrêtons là la cuisine, et passons au déroulement du concert.
La section cuivre, KALL HIM G.G et JUJU, saxophone et trompette, habillés comme un équipage de Star Trek, investissent le côté de la scène. Elle est suivie par SEAWEEDYO, le batteur au chapeau de cow-boy, YOU RIP le bassiste au pantalon écossais et THE DUKE le guitariste, beaucoup plus discret que ses compagnons de jeu.
Les premières notes de l’intro, « Lobster », démarrent et le public revient vite devant la scène. Moi qui pensais qu’il aurait déserté la salle, tel ne fut pas le cas. Malgré l’heure tardive – il est déjà minuit passé – l’Usine ne s’est pas vidée.
MAT FIREHAIR, le chanteur arrive sur « I’m a Dead Cat ». Il est le seul rescapé d’il y a déjà 30 ans. Pieds nus sur le plancher, il débarque comme un fou furieux, entraînant avec lui le public qui se remue de plus en plus. Incroyable ! Un petit speech sur qui préfère les vinyls et qui préfère les CD, et c’est « Only Vinyl is cool » qui est joué. Puis, ils enchaînent sur « Juju (Wowow) ! » et tout part en live. MAT prend la scène à lui tout seul, laissant ses camarades faire ce qu’ils peuvent pour se montrer digne de sa prestation. Il est remonté comme un coucou suisse. Il saute dans tous les sens, prend la pause et repart de plus belle.
Pour annoncer le titre « Treat Me Bad », MAT nous raconte :
« J’ai été marié 92 fois et été quitté 96. Alors je dis, traites-moi mal, comme ça, quand tu partiras, je ne souffrirais pas ». Joué tambour battant ce titre est excellent. Tout le long du show, Mat ne tiendra pas en place. Haranguant son public, le faisant chanter les refrains en chœur, sous la section rythmique de SEAWEEDYO et YOU RIP, accompagnés de main de maître par les cuivres et soutenus par les riffs de THE DUKE. 5 titres plus tard, MAT fait chanter le public sur « Oumamamama », un refrain facile à retenir, qu’un public aux taquets ne se fait pas prier pour reprendre.
Cependant, il se fait de plus en plus tard, et j’ai comme l’impression que le public déserte la salle. Mais ce n’est pas ça qui empêche nos amis parisiens de continuer à jouer haut et fort !
MAT nous explique entre deux morceaux que leur camion avec tout le matériel dedans a décidé de rendre l’âme à Annemasse et que des techniciens de l’Usine sont venus les chercher pour les emmener ici, d’où le retard et l’heure tardive de ce concert. Finalement, une fois expliqué, on comprend mieux le déroulement d’une soirée.
Toujours pieds nus, le chanteur décide qu’il fait trop chaud dans la salle, et fini par enlever son pantalon faisant apparaître un caleçon avec des têtes de tigres (c’est une habitude chez lui de finir dans cette tenue). Ce type est complètement « tigré » ! Mdr. Après le chanteur des DEFIBRILLATORS qui avait lui aussi terminé en slip, je suis gâté !!!
Ah, voilà enfin le morceau que je préfère « Crazy Voodoo Woman ». Quel refrain entêtant ! Il ne veut pas quitter ma boite crânienne, c’est malin ! Et c’est sur ce morceau que se finit le show. Sauf que KALL HIM G.G, le saxo ne l’entend pas de cette oreille et continue le refrain. Il est vite repris par le public qui n’en demandait pas tant, puis par les musiciens avant que MAT ne ré-attaque le refrain pour finir en hurlant.
Il est déjà 1h30 du matin et ce n’est pas encore fini. Cependant, pour nous, il va falloir rentrer. Nous ne pouvons rester, il nous faut retrouver notre doux foyer. Mais avant de partir, nous croisons la crête rouge du contrebassiste de MAD SIN et prenons des photos. Dehors, les autres membres discutent avec leur public à bâtons rompus.
Bilan de cette soirée
Une étrange découverte avec FRED RASPAIL, une impressionnante trouvaille avec les MAD SIN et une consécration pour les WASHINGTON DEAD CATS.
Un grand merci à PTR pour cette soirée.