WARLUNG et KADABRA au Lion d’Or

Mercredi 15 février 2023 à La Cluzaz (74)

WARLUNG

En ce lendemain de Saint-Valentin, quoi de mieux que d’aller se ressourcer à la montagne ? Ce soir, mon copain de concerts Steve*74 et moi, partons à La Clusaz, non pas pour faire du ski, mais bien pour aller à un concert. En effet, deux groupes de stoner américain sont en tournée européenne depuis le début du mois et avant de secouer le Secret Place de Saint-Jean de Vedas, ils sont venus voir les montagnes Haut-Savoyardes. Deux dates en France et pas une dans la capitale des Gaules, c’est vous dire si nous sommes privilégiés !

Pour nous, monter à La Clusaz pour un concert, c’est une première. Enfin, pas tant que ça, puisque cet été nous nous étions rendus à la Tête de Cabeau à un petit quart d’heure de route de là. Si vous suivez un peu le webzine, vous devriez le savoir. Sinon, tant pis pour vous. Lol.

C’est sous un soleil couchant que nous partons dans nos montagnes en direction de notre lieu de rendez-vous. Un petit bar limité à 80 personnes, pas une de plus, à moins d’une heure de chez nous, ça change. Et forcément, quand il y a si peu de place, il ne faut pas arriver à la bourre si on veut être sûr d’assister au concert. Heureusement pour nous, pas de neige annoncée. Même si nous sommes équipés, ce n’est pas non plus pour nous déranger.

KADABRA

Arrivés sur place, nous constatons que nos montagnes n’ont pas bougé d’un iota et qu’il y a encore de la neige dans la station, mais que dans les champs, pas sur la route, ouf. Nous cherchons un peu le lieu du concert, et en attendant l’ouverture, faisons un tour dans la station au milieu des skieurs et des touristes. Deux chevelus qui se promènent sans tenue de ski ? Étrange comme situation. Lol.

De retour devant l’entrée, nous nous rendons compte qu’il y a un peu plus de monde que tout à l’heure, il est temps de faire la queue ! L’entrée se fait d’une façon très originale. Il faut lancer des dés (et non pas votre copain Dédé) et le résultat que vous trouvez indique le prix de votre place. Heureux celui qui fait un double un, mais faire un double six, n’est pas si mal non plus, si ça peut aider. Personnellement je ferais un six, mon copain Steve*74 un sept. On ne s’en tire pas trop mal sur ce coup-là !

C’est l’association Namass Pamouss qui est à l’origine de ce concert, celle qui était déjà à l’œuvre cet été avec le festival à Manigod. Ce soir, c’est du gros stoner à tendance psychédélique auquel nous avons droit. WARLUNG, un groupe venu de Houston au Texas a embarqué en tournée leurs copains de KADABRA, venu de Spokane, Washington. Les deux groupes sont signés par le label Heavy Psych Sounds Records et mélangent du BLACK SABBATH avec des éléments psychédéliques.

Étant donné que le bar est exigu, nous allons tout de suite vers l’avant de la scène. Sauf que de scène, il n’y en a pas. Étant donné le lieu, ce n’est pas étonnant. Les musiciens vont donc jouer à même le sol devant les retours. Ça va être chaud.

KADABRA

C’est KADABRA qui commence. Les trois membres que sont GARRETT ZANOL, le guitariste chanteur aux nattes tressées sous sa casquette, IAN NELSON derrière la basse et CHASE HOWARD, le batteur, s’installent et c’est parti !

Dès les premières notes, nous voilà repartis au milieu des années 70, où j’étais à peine né dans notre musique préférée ; mon copain Steve, lui, était déjà plus en avance. La voix nasillarde de GARRETT résonne dans le Lion d’Or sous les frappes de mules de CHASE et le ronflement incessant de la basse de IAN. Celui-ci est sur-motivé. Coincé un peu en retrait sur la droite des planches, il ne tient pas en place. Bougeant comme un fou, headbanguant autant qu’il le peut, se penchant régulièrement sur son ampli, tenant son instrument horizontalement, tête vers le bas, cordes contre l’ampli, pour le faire ronfler de plus belle.

Quant à Chase, avec le sourire qui lui traverse le visage, il doit être complètement sourd, étant donné sa façon de martyriser sa batterie. Il en fait régulièrement tomber un pied de cymbale. Mais ce n’est pas le peu de place qui lui est accordé, qui va l’empêcher de faire trembler les murs du Lion d’or.

GARETT est lui-aussi à fond sur sa guitare, enchaînant les solo et chantant penché sur son micro. Il semble impressionné, ou peut-être trop content d’être là, lorsqu’il prend la parole pour présenter le groupe. « Hello, we are KADABRA from Washington ! We’re in France this week, so enjoying the show ! ».

Les morceaux de KADABRA sont longs et un peu trop instrumentaux à mon goût, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier leur prestation. Le public, lui aussi semble apprécier ou peut-être est-ce dû à la bière qui coule à flot dans les verres. En tout cas, il reste relativement condensé devant les retours et pogote pas mal, débranchant régulièrement le retour, empêchant GARRETT de s’entendre. Ce petit problème technique va être récurrent tout le long du concert.

Musicalement, KADABRA est très psychédélique, il y a beaucoup de reverb’ dans le micro,  et le son qui sort des enceintes, amplifie cette impression d’être revenu dans les seventies. Des guitares fuzz, une basse qui groove à fond, un bourdonnement incessant, bienvenue dans le monde de KADABRA ! La magie semble bien opérer, le public étant de plus en plus envahissant. Mon copain Steve*74 opère un repli stratégique mais moi, je reste devant, essayant tant bien que mal de résister aux flux.

GARRETT penche de plus en plus son regard sur son ensemble de pédales de distorsion. Il semble avoir un autre problème, et décide de changer les piles, pour relancer de plus belle la musique de KADABRA. C’est complètement fou, la lourdeur des titres est telle qu’ils se bousculent les uns derrière les autres. Lentement mais sûrement, le groupe fait secouer la nuque et les chevelures des spectateurs. A tel point, que je remarque régulièrement des flaques de bière qui se baladent dangereusement vers le retour et les lumières. Il est temps de passer la serpillière !

Et nous voilà déjà au dernier morceau. Le public est déchaîné et s’éclate bien devant un GARRETT enchanté. Tellement, qu’il décide de rentrer dans le public pour son dernier solo, avant de laisser sa guitare aux spectateurs pour aller faire un petit crowdsurfing. Et c’est terminé. Le groupe débranche ses instruments pour laisser la place à WARLUNG.

WARLUNG

Fort de leurs quatre albums depuis 2017, « Sleepwalker », « Immortal Portal », « Optical Delusions » et le petit dernier, « Vulture’s Paradise », les gars de Houston prennent place. CHRIS et ETHAN TAMEZ, la section rythmique du groupe restés à la maison pour raison de santé, c’est TRAVIS et AUSTIN de KILL THE LIZARD, un autre groupe de Houston, qui prennent le relais.

Étant donné que le groupe est composé de quatre membres, je me demande comment ils vont tenir dans un si petit endroit. Mais en fait, ils s’en sortent très bien. Tout comme PHILIP BENNETT le petit guitariste en charge aussi des voix, ou GEORGE BABA le guitariste et vocaliste qui joue torse nu, ainsi que le batteur qui, lui, laisse apparaître une jolie tête de tigre tatoué sur son corps. Le bassiste qui joue sur le côté droit devant son ampli comble le trou.

Avec WARLUNG, nous revenons un peu sur terre, les morceaux étant moins psychédéliques et plus dans un esprit BLACK SABBATH. La musique est beaucoup plus lourde et moins sirupeuse, ce qui motive bien le public. D’un coup, c’est le bordel dans le bar, ça pogote de partout et il y en a même un qui fait du crowdsurfing ! C’est du grand n’importe quoi !! GEORGE se prend en pleine figure son pied de micro, mais ce n’est pas ce qui l’empêche de continuer ses solos de tuerie. PHILIP, étant plus petit que son camarade, évite souvent de justesse les mouvements des spectateurs. Comme il met régulièrement le manche de sa guitare en avant, ceux-ci font un peu plus attention.

Les gars de Houston jouent un peu dans un état second, peu dérangés par la houle humaine. Chaque chanson possède des mélodies captivantes et des passages mémorables. Elles envoient des frissons dans le dos de chaque auditeur.

Une batterie solide, une basse profonde, des guitares puissantes chargées d’adrénaline, et un chant souvent doublé par PHILIP et GEORGE, c’est tout ça WARLUNG, et plus encore. Ils ont une façon de construire des morceaux avec une fluidité qui coïncide avec leurs changements dynamiques de volume. C’est vraiment cool.

Étant donné que la foule est à fond derrière le groupe, le retour est de nouveau débranché, Mais cela ne dérange pas PHILIP qui nous dit « It’s not working, but we don’t care, it’s rock ‘n’roll !! ». En revanche, les mouvements du public deviennent de plus en plus chauds. Mon copain Steve •74 décide de nouveau de faire un repli stratégique et s’en va au fond du bar, loin des vagues successives du public. Personnellement, n’écoutant que mon courage – ou étant un parfait imbécile, au choix – je décide de faire don de mon corps afin de protéger comme je le peux les musiciens et leurs instruments. Évidemment, je ne résiste que peu de temps et me retrouve souvent en déséquilibre, essayant tant bien que mal de rester debout. Décidément, ce n’est plus de mon âge ! Enfin bref, difficile de rester concentré sur la musique quand on est en permanence en train d’essayer de rester debout. Je n’ai pas l’impression que ce soit une très bonne idée, étant donné qu’il n’y a pas de scène, mais bon, il faut faire avec. Quoi qu’il en soit, j’apprécie beaucoup la musique que promulgue WARLUNG en prenant appui contre le promontoire du bar, pour rester sur mes pieds.

Les morceaux s’enchaînent et déchaînent les spectateurs toujours autant motivés. Les crowdsurfing reprennent de plus belle, l’alcool coulant toujours à flot. Du coup, les bières ne tiennent plus vraiment dans les verres, et d’un coup une de mes jambes ainsi qu’un de mes pieds se retrouvent baptisés de bière. Me voilà bien. Mdr ! Les vapeurs montent dans les têtes de certains spectateurs qui peinent à tenir éveillés, certains étant déjà partis rejoindre les bras de Morphée. Personnellement je me pose la question de l’intérêt même si je comprends le plaisir que l’on peut prendre dans une telle soirée, mais apparemment, c’est le but recherché dans une station. Je dois être trop vieux. Lol.

WARLUNG continue son lynchage entre stoner rock mélodique, heavy metal tranchant et hard-rock gorgé d’une bonne dose d’énergie. Bardé de solos enflammés, de chorus très NWOBHM et d’un travail très précis sur les voix, le style des Texans repose sur autant de traditions que sur un aspect visionnaire où l’esprit et le son du doom ont laissé une forte empreinte.

Il est bientôt 23 heures lorsque le dernier morceau est joué. Les musiciens remercient le public, mais celui-ci en redemande. Alors, après avoir posé la question au patron, ils branchent de nouveaux leurs instruments. « We’re gonna play one more song », nous dit le  guitariste, « After, we are gonna take a beer !! ».

Et c’est reparti. A la guerre comme à la guerre, le public ne se tient plus et tenter de rester en position verticale tient de la gageure. Heureusement, le morceau ne dure pas une éternité, et les plus enivrés des spectateurs, et souvent les plus indisciplinés, sont en train de dormir. Lol.

WARLUNG remercie chaleureusement le public après avoir terminé leur dernier titre, serrant les mains des spectateurs ravis.

Avant de partir, une fois à peu près sec, je me rends au fond du bar afin d’acquérir un joli T-Shirt de WARLUNG que j’avais repéré un peu plus tôt. Nous en profitons pour saluer les deux guitaristes qui discutent avec le batteur de KADABRA de la façon dont s’est déroulé ce concert de folie.

L’ambiance dans le bar étant de plus en plus joviale et enivrée, il est temps pour nous de descendre des montagnes et regagner notre verte prairie. Nous disons au revoir aux deux guitaristes de WARLUNG et au GO de la soirée qui nous confirme que le festival de Manigod aura bien lieu cet été.