JANE LEE HOOKER : Live Report @ le Brin de Zinc de Barberaz (73) – Mercredi 21 juin 2023

Report by SEB 747 – Photos de STEVE*74

Aujourd’hui, c’est la fête de la musique. Et quoi de mieux me direz-vous que d’aller à un concert ? Direction le Brin de Zinc de Barberaz pour retrouver les copains. C’est du bon blues rock qui est programmé ce soir. Thomas, le G.O du BDZ, nous a encore déniché une pépite venue de nulle part. Enfin, pas exactement, puisque JANE LEE HOOKER, le groupe dont il s’agit ce soir, nous vient tout droit de la Grosse Pomme, c’est-à-dire New-York. Et, si l’on veut être plus précis, de Brooklyn exactement.

C’est avec mon copain de concert habituel et un bon copain de ce dernier, que nous nous rendons en pays de Savoie. Il paraît qu’il faut prendre soin de ses aînés, et c’est donc une œuvre de charité que je fais ce soir en les accompagnant. Lol. Une fois arrivés, des travaux sur la route nous font prendre un peu de retard. Heureusement pour nous, ils n’ont pas encore commencé. Ouf.

Nous passons le bonjour aux habitués du Brin de Zinc et tapons une petite discussion sur les futurs concerts et sur ceux passés, puis nous entrons dans l’antre du BDZ. C’est le grand patron qui nous reçoit. Une première constatation s’impose, ce n’est pas rempli. Mais évidemment, ce ne sont que des passionnés et beaucoup d’habitués qui sont présents ce soir. Deuxième constatation, le tourneur qui accompagne le groupe n’est pas un inconnu, puisque c’est celui qui s’occupe des CRUZADOS et de LITTLE CAESAR. Le monde est décidément bien petit !

JANE LEE HOOKER n’a aucun lien de parenté avec le grand bluesman du même nom, et ce n’est pas non plus le nom d’une chanteuse, mais bien celui d’un groupe aux trois-quarts féminin. Il comprend en ses rangs les guitaristes TRACY « HIGH TOP » ALMAZAN (ex- NASHVILLE PUSSY) et TINA « T-BONE » GORIN (ex-BAD WIZARD). La section rythmique est composée de la bassiste « HAIL MARY » ZADROGA et du batteur « LIGHTNIN’ » RON SALVO et enfin, le chant lead est tenu par DANA « DANGER » ATHENS.

En Savoie, il existe une tradition, c’est « le quart d’heure savoyard », où l’art d’être systématiquement en retard sur l’horaire prévu. Et c’est donc avec un petit quart d’heure de plus que JLH traverse le BDZ pour monter sur scène. A peine arrivés dans notre pays que les voilà déjà en train de prendre nos mauvaises habitudes ! Mdr.

Dès les premières notes de « How Ya Doin’? », le ton est donné. La voix brûlante de DANA  plonge directement dans notre cerveau avec ce titre très rock’n’roll, et les guitares de TRACY, aux cheveux châtains et de TINA à la brune crinière nous envoûtent. Suit le très émouvant « All Good Things » interprété d’une manière très féline, puis encore quelques titres un peu plus mid tempo tel que « Gimme That », « Be My Baby », ou encore « Drive » et ses mélodies captivantes qui vous prennent les tripes. Ces derniers sont excellents, tout comme le gospel de « Weary Bones » qui voit la chanteuse s’installer derrière un clavier et enchaîner avec « Lucky » un Blues aux effluves Soul interprété de mains de maître par son chant puissant, qui fait d’elle une digne héritière de JANIS JOPLIN.

L’enchaînement de ces titres, joués avec la manière et une interprétation sans faille, ont tendance à assoupir un peu le Brin de Zinc. Cependant, JANE LEE HOOKER joue ces morceaux avec une telle passion qu’on ne peut qu’en devenir complètement gaga. Le groupe aime jouer live et partager sa musique avec ses fans, cela se ressent sur scène.

Puis, au fur et à mesure que le set continue, les morceaux se font plus blues-rock, avec des covers qui ne ressemblent pas à l’original « I Got a Feeling » des BEATLES, « Wade in the Water  » de THE SUNSET FOUR JUBILEE SINGERS (un groupe noir américain de 1925), « Black Rat » de MINNIE LAWLER. C’est tellement retravaillé qu’on a du mal à reconnaître  ces reprises et cela donne l’impression que ce sont des titres écrits par JLH.

Les filles devant s’éclatent sur scène et font montre d’une témérité dévorante. TRACY et T-BONE se font face dans un duel de guitares, pendant que HAIL MARY, plus en retrait, ne tient pas en place. « LIGHTNIN’ » RON maintient la cadence emmenée par les filles et impressionne les spectateurs par son jeu groovy. Ce mélange de rock, de blues, de punk, de R&B et de soul à un je ne sais quoi de fabuleux.

TRACY n’hésite pas à se frotter au plus près du public en balançant des riffs incendiaires pendant que DANA maintient le public sous pression. Son apparence gestuelle, ses yeux qui roulent, sa voix qui déchire votre âme, en dit long sur la chanteuse. C’est tout bonnement ébouriffant.

On continue avec un bon morceau bien à eux « Jericho » et son refrain tubesque que l’on ne peut s’empêcher de reprendre. Après un classique de HUMBLE-PIE « No Doctor » revisité façon JANE LEE HOOKER, c’est un autre brûlot « Runaway Train » qui est joué. Un Blues-Rock/Boogie-Rock fiévreux et contagieux, qui remue tellement qu’on ne peut s’arrêter de taper du pied (il est extrait de leur dernier album en date « Rollin’ »). Le groupe continue de trucider le public du BDZ avec « Mama Said » un morceau de « Spiritus » leur second album.

Et c’est déjà la fin. Les JLH quittent la scène pour revenir deux, trois minutes plus tard. Nous avons encore droit à des covers qui n’y ressemblent pas. Un JOHNNY WINTER, « Mean Town Blues », un « Bumble Bee » de MEMPHIS MINNIE/KANSAS JOE McCOY, un « Didn’t It Rain », un negro spiritual  speedé aux amphétamines et endiablé durant plus de huit minutes.

L’alchimie de JANE LEE HOOKER est indéniable et il est évident qu’elles, et ils, ont passé beaucoup de temps ensemble sur la route. Ils n’ont pas froid aux yeux ni aux oreilles et maîtrisent le Blues Rock et le Hard Blues de manière indéniable. Un autre cover de WILLIE  DIXON « Shake For Me » finit le show. DANA nous invite à les retrouver au stand de merch’, et le groupe descend une nouvelle fois des planches.

Oui mais voilà, quand on joue du rock’n’roll comme il se doit d’être joué, c’est-à-dire fort et avec envie, on peut s’attendre à ce que le public en redemande ! Après quelques minutes de tergiversations, JLH remonte sur les planches pour faire un rappel de deux titres non prévus. Ils les font traîner en longueur, un peu comme s’ils ne voulaient plus descendre de scène. Et visiblement, le groupe semble s’y plaire sur cette scène ! Presque dix minutes plus tard, JANE LEE HOOKER remercie chaleureusement le public.

Personnellement, je suis content d’avoir pu assister à un show qui a frôlé les deux heures. Oui, il y avait beaucoup de covers, mais elles ont été jouées d’une telle manière que, à part si vous êtes un puits de science de la musique Blues, il était très compliqué de les reconnaître.

Une fois terminé, nous retrouvons, comme très souvent au BRIN DE ZINC, le groupe en entier qui signe à tout va et prend des photos avec les fans, n’hésitant pas à discuter et remercier le public d’être venu.

JANE LEE HOOKER est l’un de ces groupes que vous devez absolument voir en Live, car leur enregistrement ne leur rend tout simplement pas justice ou ne capture pas l’énergie brute de leur performance. Bien que vous ne rentriez pas nécessairement chez vous en chantant chacun de leurs morceaux (hé, c’est du blues… pas le top 50), vous serez heureux d’avoir vu ce groupe de blues aussi solide que le rock.

Un énorme big up à Thomas qui a tenu à rester ouvert et gardé sa programmation malgré la fête de la musique, ce qui peut expliquer en partie les entrées de ce soir. J’ignore si les concerts prévus en ville étaient bons mais celui-ci valait largement le coup !!