Report by SEB 747
Cela faisait plusieurs années que je voulais voir un jour EXTREME en concert. Et quelle ne fut pas ma surprise de voir que, non seulement ils allaient jouer à quelques vols d’oiseaux de chez moi, mais qu’en plus, il y avait le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND. J’ai découvert, le groupe en 1995 sur M6 qui diffusait, à l’époque, des clips de hard et de blues. Oui, oui, vous avez bien lu ! À cette époque, pas si lointaine, ou internet n’en était qu’à ses balbutiements, la télé française diffusait des vidéos de nos groupes préférés. Certes, il était tard, mais il suffisait de programmer à l’avance sur son magnétoscope et de visionner le lendemain pour découvrir les groupes.
Dès les premières notes de “Déjà Voodoo”, je suis tombé des nues face à ce jeune virtuose canadien d’à peine 18 ans… à l’époque. Et depuis, je suis devenu fan, achetant tous ses albums. Je m’attendais à ne jamais le voir près de chez moi. Alors imaginez comment j’ai « kiffé ma race » lorsque j’ai découvert que j’avais la possibilité de les voir. Donc direction, pour la deuxième fois en trois jours, St-Julien en Genevois au Stade des Burgondes !
Comme j’ai attendu sagement une éclaircie, le temps étant un chouïa apocalyptique, je rate la prestation de STEVE AMBER, dernier gagnant du tremplin organisé dans le courant de l’année. D’après certains dire, je n’ai pas raté grand-chose.
Du coup, j’arrive pile poil au début du ALL McKAY’S ALL STARS. Ce groupe est annoncé comme EARTH WIND AND FIRE, seulement, à part ALL McKAY, le guitariste, qui se contente de jouer derrière, il n’y a personne du groupe d’origine. Ce groupe est d’ailleurs très controversé sous sa forme étant donné qu’un autre EARTH WIND AND FIRE tourne toujours avec plus de membres originels.
Musicalement, c’est super bien exécuté. Les musiciens sont hyper professionnels, et pour moi, je dirais même un peu trop. Il manque un peu d’âme. Du coup, j’apprécie de loin le groupe, regardant plus souvent l’écran géant que la scène. Les trois chanteurs ont des voix phénoménales et les chansons rappellent des souvenirs.
Mais le côté jazz funk étant trop présent, je profite encore une fois d’une accalmie pour aller me restaurer. Ti-Rickou serait enchanté des burgers qu’on trouve là-bas. D’ailleurs, cela me permettra de me rendre compte que, contrairement à ce que je pensais, c’est EXTREME qui joue avant KENNY. Cool, on sera à l’abri. Parce que, comme par hasard, la pluie recommence à tomber. En voilà une précaution intelligente ! Elle va permettre aux deux groupes suivants de pouvoir jouer après les intempéries – celles-ci étant prévues jusque tard dans la soirée.
C’est donc toujours sous le Chapiteau que ça se passe. Le public, pourtant constitué de fans, est loin de s’imaginer la claque qu’il s’apprête à recevoir. Et moi non plus ! Le set démarre sur les chapeaux de roues par “It’s a Monster”, morceau de l‘album le plus connu du groupe, “Pornograffiti”. Les titres mélodiques dont regorgent cet opus sont rapidement mis en avant par le groupe. ” Li’l Jack Horny”, “Get the Funk Out”, autant de hits qui réveillent des mélodies endormies dans vos mémoires depuis de nombreuses années.
GARY CHERONE, le chanteur, est en pleine forme. Lunettes noires vissée sur les yeux, écharpe au tour du cou, il court de partout. Il fait des poses pour les photographes, dont une pas piquée des hannetons où il nous montre son arrière-train en faisant un doigt d’honneur. Il amuse la galerie, et n’hésite pas à se frotter au public en tendant son pied de micro. Il fait mine de faire le grand écart sur la plateforme de la batterie qu’il arpentera souvent, histoire de faire ses étirements quotidiens, mdr. En tout cas, il a une énergie à revendre et ne fait pas du tout ses 55 printemps.
Le son est absolument titanesque. Les bostoniens sont aux taquets. NUNO BETTENCOURT n’a rien perdu de sa superbe. Il est absolument phénoménal ce soir. Ses riffs sont toujours aussi piquants et lui aussi ne cesse de bouger le long de la scène, secouant sa tête dans tous les sens.
Dans la foulée, voilà que débarque “Rest in Peace”, tiré du mésestimé “III Sides to Every Story”, suivi de très près par un titre de leur dernier opus studio “Saudade de Rock” sorti… il y a 9 ans déjà. “Kid Ego”, de leur tout premier album fait un sacré effet en live. Ça pulse dans tous les sens. On s’éclate comme des bêtes ! GARY monte sur les retours de PAT BADGER, le bassiste, et fait un saut en écart. Il est devenu fou ! C’est un sacré frontman comme on n’en fait plus.
PAT est lui-aussi en pleine forme. Il n’hésite pas à prendre les chœurs et à se mettre en avant, courant des deux côtés de la scène bien en rythme, sous les frappes lourde de KEVIN FIGUEIREDO, le batteur, dans le groupe depuis 2007.
Avant d’attaquer “Play with Me”, NUNO prend la parole : « Nous allons jouer un petit morceau, mais nous n’avons aucune idée de ce que c’est !». « Oui, c’est exactement ça. Qu’est-ce que cela pourrait bien être ? » rétorque GARY.
PAT les regarde, incrédule. Lui, doit bien savoir ce que c’est ! Puis les premières notes de “Happy Birthday” sont entamées par NUNO et Gary se charge de faire chanter la foule. Eh oui, ce sont les 50 ans de Pat qu’on souhaite ce soir ! Celui-ci est tout surpris et un peu gêné. Mais l’accolade que se donne les deux joueurs de cordes, ainsi que celle de GARY, en dit long sur leur amitié.
Les titres s’enchaînent sur les facéties de GARY et la bougeotte de NUNO. Un titre de “Waiting for the Punchline” et le point culminant du set est sur le point d’arriver.
Les guitares acoustiques sont de sorties pour l’inévitable et magnifique “More Than Words”. « Don’t be shy if you want to sing » nous dit GARY. Seul sur scène avec NUNO, il fait chanter le public à l’unisson. Je peux vous garantir que chanté par un chapiteau plein à craquer, ça donne des frissons !
Après cette superbe ballade, c’est “Cupid’s Dead”, suivi de “Am I Ever Gonna Change”, qui font résonner la scène couverte. Une grosse caisse, associée à une cymbale, sont mis sur le devant de la scène. KEVIN se place au milieu du plateau, entre ses camarades de jeu, pour qu’ils nous interprètent un “Take Us Alive” de toute beauté. S’ensuit “Hole Hearted” et un petit “Crazy Little Thing Called Love” de QUEEN.
Qu’est-ce que c’est bon ! Je prends mon pied comme jamais ! Assurément l’un des plus gros concerts auquel j’ai assisté cette année.
NUNO se retrouve seul sur scène pour nous interpréter son solo “Flight of the Wounded Bumblebee”.
Dès la fin de sa prestation, ses autres compagnons reviennent sur scène. C’est debout sur la plateforme de KEVIN que Gary entame l’excellent morceau “Decadence Dance”. PAT prend même le refrain en poussant gentiment son chanteur. Ils sont à fond et c’est géant. Ils s’amusent comme des petits fous. GARY va se mettre à genoux face à NUNO puis prend ses deux camarades de jeu dans les bras, afin qu’ils chantent en chœur. Impressionnant de ferveur et de qualité ! Le morceau se termine sous les applaudissements du chanteur. Puis, il redémarre. Ils ne veulent plus s’arrêter ! Les ultimes notes finissent de retentir sur un joli saut de cabri de GARY. C’est la fin du set.
Évidemment, EXTREME ne nous quitterait pas sans un petit rappel, et c’est avec “Warheads”, titre de 1992 qu’aurait dû se finir le spectacle. Mais c’est sans compter sur NUNO et GARY qui entame un “We Are the Champions” des QUEEN. Ils se font un plaisir non feint de faire chanter le public de Guitare en Scène qui ne demandait que ça. C’est toujours aussi impressionnant quand tout le monde est à l’unisson. C’est tout un stade qui se met à chanter.
C’est déjà fini ? J’en aurais bien repris un peu moi. Bon, ils ont rallongé leur set d’une bonne demi-heure, mais tout de même ! Le groupe salue la foule mais d’un seul coup, voilà que EXTREME décide d’aller saluer ses fans de plus près. Ils se collent à la crash barrière, saluent et serrent toutes les mains. NUNO en premier, suivi de PAT et KEVIN. Et voilà que GARY marche sur la barrière, s’aidant des mains de ses fans pour garder son équilibre ! C’est tout bonnement incroyable. En ces temps de meet & greet, ça fait plaisir d’assister à ça. Le groupe n’en finit plus de serrer les mains. Quelle générosité de la part de ces musiciens ! Ils sont géniaux et remercient comme il se doit leurs fans. Un grand moment, assurément.
Bon, maintenant il faut se diriger vers la scène village. Ou pas. Zeus ayant décidé de faire pleuvoir des trombes d’eau sur le Stade, les rivières qui s’étaient creusées dans le village tout à l’heure reprennent de plus belle. Comment l’organisation va-t-elle faire ? Ils ne peuvent pas jouer à l’intérieur, la scène village étant déjà prête. Et puis, on ne va pas aller voir KENNY WAYNE SHERPHERD jouer sous des trombes d’eau ! Tout le monde s’est réfugié sous le chapiteau, bondé comme jamais du coup !
L’organisateur de la soirée prend la parole et nous annonce que la pluie devrait se calmer d’ici 3/4 d’heure. Alors, pour nous faire patienter, il nous annonce que des guitaristes vont venir s’installer sur scène.
C’est AYNSLEY LISTER qui s’y colle. Assis sur un tabouret, il nous joue des reprises de blues. Il est vite rejoint par JOHNNY GALLAGHER et les deux guitaristes s’éclatent à gratter ensemble. C’est super bien joué et on s’éclate à reprendre certains refrains de morceaux archi-connus. Du coup, le temps nous semble moins long.
A peine le temps de finir, que les enceintes de la scène village retentissent. C’est sans temps mort que KENNY WAYNE SHEPHERD nous distille son blues avec entrain et envie. Cependant, j’ai l’impression que la prestation a un peu de mal à prendre. Peut-être que le temps aura semblé long malgré les joyeusetés offertes. En plus le public, massif depuis le début de la soirée, déserte de plus en plus le site. Bah, le groupe joue sans s’en soucier.
NOAH HUNT, le chanteur guitariste qui joue depuis 2007 avec KENNY, est un chanteur tout en groove. Sa voix se mêle à merveille avec celle de KENNY, et lorsque ce dernier prend sa guitare, les morceaux s’en trouvent renforcés.
CHRIS LAYTON le batteur qui, avant de rejoindre le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND jouait avec STEVE RAY VAUGHAN – excusez du peu – est un sacré bonhomme. Son jeu est tout en feeling. JOE KROW le clavier a rejoint le groupe au mois de juin mais il donne l’impression d’avoir toujours été là. Quant au bassiste, KEVIN McCORMICK, relégué en fond de scène à côté de CHRIS, il nous sort des sonorités chaudes, au rythme chaloupé.
Certains diront que le blues que pratique KENNY est trop léché, qu’il joue trop la perfection, que le groupe n’improvise pas assez, qu’ils font plus le show, etc. Moi, je m’en fous, j’adore ! Plus il y a de show, plus j’apprécie la musique. C’est peut-être mon côté petit hardos qui veut ça. Comment ne pas apprécier des morceaux tels que “Déjà Voodoo” ou “Born With A Broken Heart” ?! On ne peut que s’incliner devant un tel talent. C’est à une interprétation carrée à laquelle nous avons droit ce soir.
Un petit “Voodoo Child” de qui vous savez – JIMMY HENDRIX – est interprété quasi note pour note, guitare derrière la tête. “True lies” nous fait hocher de la tête instantanément. Et quels solos durant “Heat Of The Sun”, accompagné par NOAH en guitare acoustique ! Non, décidément, on ne peut remettre en cause le talent de ce magnifique guitariste blond, marié à la fille de MEL GIBSON.
Le show se termine sous les ovations d’un public encore bien présent malgré les petites averses. Il est déjà 1h30 du matin et je n’ai pas la patience d’attendre encore une demi-heure avant le début de KING KING, d’autant plus que la pluie menace toujours. Il est temps pour moi de retourner dans mon antre en écoutant le dernier live d’EXTREME sorti l’an dernier.