W.A.S.P. : Live Report @ les Docks de Lausanne (ch) – jeudi 11 mai 2023

Report by SEB 747 – Photos : DAVIDE GOSTOLI

Après un petit mois de jachère pour cause de découverte d’un crabe marital, qui m’a malheureusement fait rater plein de concerts, me voilà reparti sur la route. Ce soir je suis trop content, je vais voir un groupe qui a bercé mon adolescence, et que je n’ai pas eu l’occasion de revoir depuis le 9 décembre 1986. Autant vous dire, une éternité ! C’était en première partie d’un autre groupe légendaire, IRON MAIDEN. A chaque fois que le groupe se produisait, pas loin de chez moi, je ratais le coche pour X raisons. Alors je suis plus qu’impatient de le revoir, d’autant plus qu’il fête ses quarante ans.

Prévue depuis 2020, cette tournée arrive enfin. Ce soir, donc, je vais en direction de Lausanne pour aller voir W.A.S.P. Mais où me diriez-vous ? Eh bien, aux Docks de Lausanne, là où j’étais allé voir SAXON. Mais si, souvenez-vous, j’en avais fait un report ! Mais vous ne suivez pas où quoi ?! Lol. Ce coup-ci, mon copain de concerts Steve*74 m’accompagne. Plus on est de fous, vous connaissez la suite…

Nous partons de bonne heure et de bonne humeur dans le char plein à craquer. La route, nous la connaissons bien et le trajet ne se passe pas trop mal. Les sempiternels bouchons à la sortie de Genève et à Aubone n’arrivent pas à nous faire rater l’heure, étant donné que nous ne sommes pas partis à la bourre, comme c’est souvent le cas quand nous sommes plusieurs.

Une fois entrés dans la salle, nous rencontrons quelques copains venus de notre contrée. Ce n’est pas si étonnant que ça puisque Lausanne n’est pas très éloigné de chez nous.

Je fais un petit tour au stand de merch’ pour me rendre vite compte que ce n’est définitivement pas pour ma bourse et pourtant, je n’ai pas les poches percées. Nous sommes bien chez nos voisins helvétiques et cela se ressent au niveau des tarifs. Bref, passons.

La première partie devait être assurée par IMAGES OF EDEN, un groupe venu de Phoenix en Arizona, qui fait dans le gros heavy métal teinté de progressif. Malheureusement, ou heureusement selon moi (je vous rappelle que je bosse le lendemain contrairement à d’autres), ils n’ont pu être présents ce soir. Nous n’aurons droit qu’au groupe vedette, lol.

Une petite inquiétude me taraude, alors que le groupe est en tournée européenne depuis début avril, BLACKIE LAWLESS – chant, guitare rythmique – 1m93 au garrot, leader et fondateur du groupe, souffre d’une hernie discale qui s’est réveillée durant le début du tour. Mal soignée, elle l’oblige à faire régulièrement des injections douloureuses dans la colonne vertébrale pour soulager la douleur. Heureusement pour nous, solide comme un rock, celui-ci a quand même maintenu son tour. Ouf de soulagement. Comme il l’annonce sur les réseaux sociaux, il va finir ce tour, contre vents et marées, même si cela lui coûte. C’est donc un grand honneur qu’il nous fait ce soir. Cependant, comme la veille, à Zürich il a beaucoup souffert, l’obligeant à suspendre son set deux fois de suite, il doit, sur les recommandations de ses docteurs, finir son tour sur un siège.

Le début du concert était prévu pour 20h30, et sans première partie, je me dis qu’ils ne vont pas tarder. D’autant plus que la scène est déjà installée. Le superbe micro du chanteur est là, devant un siège assez haut. Il faut bien ça pour le longitudinal musicien.

Le décor en forme de demi-cercle est super chouette. Des backdrops géants, annonçant qu’un carnaval macabre est en ville, chacune contenant des textes faisant allusion à différents albums et chansons de  W.A.S.P., sont alignés tout autour de la scène avec des chaînes et des crânes de partout.

Mais plus le temps passe, plus on commence à être inquiets. La musique de fond pour nous faire patienter dure depuis plus d’une heure et toujours pas de W.A.S.P. L’appréhension continue, même si la confiance est là, et que les essais de la machine à fog, que l’on prend en pleine poire, se poursuivent. Va-t-on avoir une annulation étant donné l’état de santé du leader américain de bientôt 67 ans ?

Heureusement pour nous, il n’en est rien, puisqu’à 21h20 précises, les lumières faiblissent, laissant la scène illuminée de sorte qu’il incombe aux toiles de fond d’attirer notre attention. Des sons d’hélicoptère et une sirène retentit, après un début de « This is the end » des DOORS, sur un petit melting-pot des titres phares du groupe.

Enfin, les choses sérieuses peuvent commencer. AQUILES PRIESTER, le frappeur, dernier venu – depuis 2017 quand même – est le premier à monter sur scène, suivi de DOUG BLAIR à la guitare qui accompagne BLACKIE depuis dix-huit ans, MIKE DUDA derrière la basse depuis plus de vingt-cinq ans et, last but not least, BLACKIE LAWLESS. Sous les frappes de mules d’AQUILES, dos au public, W.A.S.P. est au grand complet. Dès la fin de l’intro, BLACKIE, qu’on sent tout de même bien diminué, va s’asseoir sur son siège devant son impressionnant pied de micro qu’il a gentiment surnommé « Elvis ».

Et c’est parti. Tout de suite, le groupe met les points (poings ?) sur les I avec l’enchaînement d’un medley composé de « On Your Knees / The Flame / The Torture Never Stops / Inside the Electric Circus ». D’entrée de set, il se met les fans dans la poche.

Le show continue avec des musiciens venus pour en découdre. MIKE joue avec les chaînes qui pendent au-dessous des crânes, DOUG enchaîne les poses et les solos joués à la perfection, pendant que BLACKIE sort ses tripes, même assis sur son siège sous les coups toujours aussi puissants d’AQUILES.

Ce soir, nous n’avons pas droit au jet de sang dans le public ou au lancer de morceaux de viandes, contrairement à leurs débuts. D’ailleurs, lorsque je les avais vus, je n’y avais pas eu droit non plus, contrairement à Steve*74 et à notre Ti-Rickou national qui eux, les avaient vus lors de leur toute première tournée. A l’époque, il fallait se faire remarquer pour se détacher des autres groupes. Heureusement pour moi, cette époque est révolue, même si cela pouvait être fun, je n’ai pas trop envie de me retrouver couvert de sang. Lol.

BLACKIE prend la parole pour nous expliquer son problème « Les médecins m’ont dit, si tu joues debout, tu rentres à la maison. Si tu joues assis, tu peux continuer. Alors j’ai décidé de jouer assis pour vous. Quand cette tournée a commencé je disais à la fin de la nuit, je me lève et monte sur Elvis, maintenant nous sommes à la fin de la tournée et Elvis me monte dessus ! ». Rire général dans le public. « Je n’ai jamais fait ça avant, j’apprends », reprend le chanteur. « Ce soir nous fêtons les quarante ans du groupe et aussi les 30 ans de l’album « Crimson Idol » et nous allons vous en jouer quelques morceaux ! ».

Et c’est reparti avec « L.O.V.E. Machine ». Les affiches derrière la batterie et sur les côtés s’effacent pour laisser apparaître des écrans géants sur lesquels le clip de l’époque est diffusé. L’effet est bien trouvé et ramène à une certaine époque. Et on enchaîne avec « Wild Child » et toujours son clip qui était diffusé en boucle sur la chaîne MTV.

C’est génial, BLACKIE chante comme si sa vie en dépendait. Assis sur son siège, sa guitare sur ses genoux, le chanteur semble reprendre des forces et motive encore plus ses musiciens. A chaque titre, son clip de l’époque diffusé en arrière-plan. Notamment  du triptyque issu de l’album « The Crimson Idol » que sont « The Idol », « The Great Misconceptions of Me » et « Chainsaw Charlie (Murders in the New Morgue) » qui déchaînent la foule bien compacte. Pour certains, c’est le meilleur moment du concert, mais pas pour moi, préférant les titres encore plus anciens, je le trouve un peu long. Même si j’ai adoré hurler le refrain du dernier morceau.

Merci beaucoup Lausanne ! », remercie BLACKIE en reprenant la parole après ces trois titres intenses. « C’est un essai. C’est tout nouveau pour moi et c’est intéressant », nous redit-t-il assis devant Elvis, son pied de micro.

Un changement de paysage sonore beaucoup plus joyeux et plus ludique arrive avec « Blind in Texas ». Celui-ci fait l’effet d’une bombe, permettant au public de reprendre le refrain à tue-tête : « Aaaaaaiiiiie blaaaaaiiiiiind in Texas ! TEXAAAASSSS ! ». Son fameux clip tourné dans le désert défile tout le long du titre. Cela peut paraître étrange pour certains, mais perso, j’ai bien aimé.

Il est 22h15, soit un peu moins d’une heure après le début, et c’est la fin du morceau. « Good night », nous dit BLACKIE en sortant de scène.

Le groupe fait mijoter ses fans pendant bien cinq bonnes minutes. Puis, un long message en rouge sur fond noir, apparaît sur les écrans géants, expliquant les méfaits de la censure. Des discussions sortent des enceintes et on voit des images de FRANK ZAPPA, DEE SNIDER et BLACKIE LAWLESS interrogés par le Congrès Américain de l’époque. Le texte traite de la formation du Parents Music Resource Center et de la création de l’étiquette d’avertissement Parental Advisory. L’organisation avait voulu censurer la musique inappropriée pour les enfants et contraindre les maisons de disques à réagir, ce qui a abouti à une bataille pour la liberté artistique. Les musiciens les plus nuisibles étaient surnommés « filthy 15 » (les 15 répugnants) et W.A.S.P. fut le plus critiqué de tous. Leur deuxième album fut le premier à porter l’étiquette d’avertissement pour paroles offensantes. La chanson qui les a fait atterrir sur cette liste des « filthy 15 » était, bien sûr, « Animal (Fuck Like a Beast) ».

Le groupe étant revenu sur scène pendant la leçon d’histoire et après que le nom de la chanson soit apparu à l’écran, entame le titre en question. Et c’est la foule qui se déchaîne. Même s’il n’était pas passif auparavant, le public devient fou. Je suis exactement comme tous les spectateurs, à fond ! Je hurle le refrain à tue-tête en secouant ma nuque de haut en bas, tendant le bras avec les devils horns vers le groupe. Je sens que, si ça continue comme ça, je ne vais plus avoir de voix, moi. Lol. Le groupe semble aspirer l’énergie du public et le fait monter d’un cran. BLACKIE est tout sourire malgré les souffrances qu’il semble endurer.

Celui-ci remercie, encore une fois, du fond du cœur, le public et enchaîne par « The Real Me », la reprise des WHO.

« I Wanna Be Somebody » clôt le show. Derrière s’affiche tous les noms des anciens membres et les nouveaux, puis les remerciements de tout le staff depuis 40 ans.

Le moment qu’on vient de passer vient de me ramener direct dans mon adolescence, l’époque où on ne se préoccupait pas du lendemain, où on enregistrait nos vinyles sur cassettes pour pouvoir les écouter sans discontinuer. Ah, nostalgie, quand tu nous tiens. Mdr !

Des meet & greet étant organisés, nous ne tardons pas trop pour entamer notre retour. Celui-ci devant se faire plus tranquillement que l’aller, s’avèrera un peu compliqué suite à des travaux qui entrainent des fermetures de portions d’autoroute suisse. Mais heureusement que je peux compter sur mon GPS vivant (Steve*74) qui, à l’instinct, nous a fait gagner quelques heures.

Certaines critiques diront que, durant ce show, les morceaux joués étaient les mêmes que la dernière fois où ils les ont vus et que BLACKIE était trop statique (Euh… comme il était sur un siège, je ne vois pas trop comment il aurait pu en être autrement, d’autant plus quand on sait qu’il est blessé), mais personnellement, moi je m’en tape le coquillard. Je suis super content d’avoir revu l’un des groupes préférés de mon adolescence et j’ai adoré ce concert et la scène, même si les lights n’étaient pas au mieux, ce qui m’a permis de replonger dans une période que les moins de vingt ans, voir trente, n’ont pas connu.

Un grand merci aux Docks de Lausanne pour cette accréditation, et au photographe DAVIDE GOSTOLI pour ses photos, prises en plus dans des conditions pas évidentes.